Le professeur qui a qualifié ses étudiants de "quasi-débiles" menacé de mort

Après la fuite d’un mail interne dans lequel un professeur de l’Université de Bretagne occidentale (UBO) traitait ses étudiants de "quasi-débiles", il a reçu de menaces de mort. Il dénonce avoir découvert une fraude massive de ses élèves et s’apprête à saisir les autorités judiciaires.
Sputnik
Erwan Le Cornec, maître de conférences en droit à l’Université de Bretagne occidentale (UBO), a critiqué ses étudiants dans un mail interne la semaine dernière, mais suite à sa divulgation il a reçu de menaces.

"J’ai retrouvé des tags sur ma porte de bureau: "RIP", "à mort facho", "crevure". Aujourd’hui je ne me sens pas en sécurité", explique-t-il dans une interview au Figaro étudiant, sans préciser s’il a déposé plainte.

À l’origine du scandale, le terme de "quasi-débiles" pour désigner ses propres élèves.
"L’UBO, non seulement devient une université de seconde zone, mais va aussi devenir un repaire de lycéens qui, après avoir obtenu le bac Covid automatiquement en 2019 et quasi automatiquement en 2020 (chouette auditorat, de quasi-débiles pour certains qui ne savent pas comprendre le sens d’un texte simple et ânonnent en lisant), peuvent se dire: ‘‘On aura toujours l’UBO au cas où on ne serait pas pris ailleurs; on n’aura pas besoin de beaucoup travailler parce que les CM sont allégés; et en plus on pourra tricher si d’aventure des examens en distanciel sont organisés’’", indiquait le mail en question.
D’après l’enseignant, la fuite pourrait avoir été organisée par des collègues "mal intentionnés". Il précise toutefois avoir reçu "beaucoup de soutien de collègues, d’universitaires mais plus encore de professeurs de lycée" suite à la médiatisation de l’histoire.

Fraude des étudiants

Le professeur contre-attaque en déclarant avoir découvert une "fraude massive des examens en distanciel" en février 2021. Il assure trouver "des éléments parfaitement probants" et à l’intention de saisir les autorités judiciaires. Plusieurs dizaines de jeunes seraient concernés, selon lui.

"Comment expliquer que des étudiants, qui ne connaissent pas vraiment une matière (nous n’avons que 27,5 heures de cours par semestre) et qui doivent bachoter sur de nombreuses autres matières dans un temps très court, peuvent être en mesure de me citer des décisions de justice en donnant le numéro de la chambre, la date précise, le numéro de l’affaire et le nom des parties? Et même, de citer des décisions de justice que je n’ai pas citées en cours? Ce n’est pas subtil et c’est pour cela que je dis que parmi les étudiants, il y a bien des "quasi débiles" qui ne sont même pas capables de masquer convenablement leur fraude", s’étonne le professeur.

"Que ces gamins-là s’inscrivent en CAP"

Erwan Le Cornec réitère ses critiques envers le niveau universitaire en général: "À l’université, le niveau est hélas devenu catastrophique. J’ai 25 ans de service public et je constate qu’il n’a fait que se dégrader".
Il incite même les jeunes "qui ont accumulé les insuffisances tout au long de leur circuit scolaire" à éviter l’université: "On a aujourd’hui besoin de boulangers, de plombiers, de tapissiers, de plaquistes, de charpentiers, de couvreurs, de peintres en bâtiment… Que ces gamins-là, au lieu d’être induits en erreur et encouragés à s’inscrire à l’université, s’inscrivent en CAP ou trouvent des contrats d’apprentissage".

Fraudes

Ce n’est pas la première fois que les professeurs dénoncent les fraudes dues à l’enseignement à distance. Déjà en juin 2020, Vincent Brugidou professeur de l’université de Lille, évoquait ce problème dans une tribune dans Le Figaro étudiant, en incitant à sanctionner les tricheurs.
"Accepterions-nous de monter dans un Airbus, contrôlé par un de mes étudiants, qui aurait eu son diplôme de technicien en mesures physiques de cette manière?", s’étonnait-il.
Discuter