Hollande aurait déshabillé l’armée française pour habiller les forces égyptiennes

L’ancien Président a pioché dans les dotations destinées aux forces françaises pour fournir l’Égypte en armements, révèle France 2. Une nouvelle preuve des liens que la France entretient avec le gouvernement d’Abdel Fattah al-Sissi.
Sputnik
Alors que Le Caire est soupçonné d’avoir détourné la mission antiterroriste mise à disposition par Paris, de nouvelles révélations viennent illustrer la complaisance de la France vis-à-vis de l’exécutif égyptien.
En 2015, François Hollande aurait notamment puisé dans les dotations françaises pour honorer au plus vite des contrats d’armements signés avec le maréchal Abdel Fattah al-Sissi. C’est en tout cas ce qui ressort d’une lettre confidentielle envoyée par le Président français à son homologue égyptien et obtenue par France 2.
"J’ai pleinement conscience de votre souhait que les premières livraisons puissent intervenir à la date symbolique du 1er août […] Ces équipements seraient, comme vous le savez, directement prélevés sur les dotations initialement destinées aux forces françaises, témoignant ainsi de la volonté de la France de mettre concrètement en œuvre notre coopération", écrit ainsi François Hollande dans la missive.
L’ancien Président enfonce le clou quelques lignes plus loin, assurant qu’il est allé "aussi loin que possible s’agissant des prélèvements d’équipements", tout en essayant de préserver les capacités des forces françaises.
La lettre est signée du 22 décembre 2014. Huit mois plus tard, François Hollande s’était rendu en Égypte pour assister à un impressionnant déploiement des forces égyptiennes à l’occasion de l’inauguration du "Nouveau canal de Suez".

Un bon client

Il faut dire que l’Égypte est depuis plusieurs années un important client pour l’armement français. Le Caire avait notamment passé commande de 24 avions Rafale en 2015, ce qui constituait la première vente à l’export du petit bijou de Dassault Aviation, après plusieurs échecs commerciaux.
Deux porte-hélicoptères Mistral, initialement construits pour la Marine russe, avaient également fini entre les mains égyptiennes, après une annulation de contrat par la France, toujours en 2015.
L’intérêt de Paris pour de potentielles exportations semble d’ailleurs s’être manifesté dès la prise de pouvoir du maréchal al-Sissi. Trois mois après le renversement du Président Mohamed Morsi en 2013, les autorités françaises songeaient déjà à vendre des armes au Caire, comme le dévoile une note interne de l’état-major des armées consultée par France 2.
"Fort d’une autonomie financière estimée à plus de 10 milliards d’euros, [le ministère égyptien de la Défense, ndlr] a pour objectif immédiat de moderniser tant ses matériels que ses infrastructures", souligne l’état-major français dans ce document.

Aide militaire détournée

Ce 21 novembre, le média d’investigation Disclose avait déjà mis en lumière les dérives de l’opération française Sirli en Égypte. Initialement vouée à la lutte antiterroriste, la mission semble avoir été détournée par Le Caire, pour cibler des contrebandiers à la frontière libyenne.
Les moyens mis à disposition par Paris auraient ainsi permis une vingtaine de bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a annoncé l’ouverture d’une "enquête interne approfondie".
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