N’ayant toujours pas reçu de paiement pour le gaz de la part de la Moldavie, l’entreprise russe Gazprom pourrait cesser ses livraisons à partir de ce 24 novembre, a annoncé dans la journée le porte-parole de l’entreprise, Sergueï Koupriyanov.
"Le paiement pour le gaz n’a pas été effectué par la Moldavie. Le délai de 48 heures fixé après la notification de l'arrêt des livraisons pour défaut de paiement expire aujourd'hui", a-t-il déclaré.
Dans la soirée, la Moldavie a prié Gazprom de ne pas arrêter les livraisons de gaz ce 24 novembre, promettant de payer prochainement.
"Le gouvernement moldave a demandé à Gazprom de ne pas cesser de lui fournir le gaz à partir d'aujourd'hui. La partie moldave reconnaît pleinement la légalité des mesures prises par Gazprom et s'engage à effectuer intégralement les paiements le vendredi 26 novembre. Faisant preuve de bonne volonté et comprenant la situation difficile que pourraient éprouver les citoyens de la Moldavie, Gazprom a accédé à titre exceptionnel à cette demande", a déclaré Sergueï Koupriyanov.
Le 22 novembre, Gazprom a informé la Moldavie qu’elle pourrait rester privée du gaz russe dans deux jours en raison de l'absence de paiement dans le cadre du contrat. En octobre, Gazprom et Moldovagaz ont prorogé de cinq ans le contrat de livraisons de gaz. L’accord insistait tout particulièrement sur un paiement à temps, mais le 22 novembre, Gazprom n’avait toujours rien reçu, a indiqué l’entreprise russe.
"Nous nous sommes entendus pour qu’ils [les Moldaves, ndlr] n'amassent plus de dettes. S’ils ne paient pas, les livraisons s’arrêtent", avait précédemment expliqué au média russe RBC une source proche des négociations entre les deux parties.
Une autre source de RBC au sein de Gazprom a précisé que le nouveau contrat ne prévoyait pas d’amende pour le retard de paiement.
La Moldavie s’explique
La somme en question s’élève à plus de 65 millions d’euros. Elle comprend le paiement pour le gaz consommé en octobre et le prépaiement pour novembre. Selon le vice-Premier ministre moldave, Andrei Spinu, l’argent a été débloqué et viendra prochainement alimenter les comptes de Moldovagaz. Toutefois, la décision doit être approuvée par les députés qui tiendront une réunion jeudi, a-t-il précisé. Andrei Spinu espère pouvoir expliquer au patron de Gazprom, Alexeï Miller, les raisons du retard dans les paiements et demander un report de quelques jours.
C’est une révision tardive des tarifs, régulés en Moldavie par une agence spéciale, qui a engendré un écart entre les paiements et les quantités consommées, expose Moldovagaz sur son site.
"Les activités visant à régler la situation se poursuivent. Dans le même temps, nous nous déclarons convaincus qu’avec le soutien des structures du pouvoir de l’État, le problème sera résolu dans les meilleurs délais", souligne le service de presse de la société moldave.
Elle indique par ailleurs qu’elle est dans l’impossibilité de remplir à temps ses obligations envers Gazprom en raison d’un manque de fonds en octobre à la suite de la hausse du prix d'achat du gaz. Ainsi, le coût du millier de mètres cubes a augmenté pour passer de 126,70 dollars (environ 112,6 euros) au premier trimestre de l’année à 800,62 dollars (711,7 euros) en octobre, alors que le tarif en vigueur à partir du 3 novembre 2020 s’oriente sur un prix d'achat annuel moyen de 148,61 dollars (132,1 euros) pour le millier de mètres cubes.
Une dette de 6 milliards d’euros
Depuis 2011, Gazprom et Moldovagaz renouvelaient leur accord gazier tous les ans. Le contrat précédent a expiré le 30 septembre et a été prolongé jusqu'à fin octobre, le temps des négociations. Les grands points du document étaient la dette de la Moldavie pour les livraisons effectuées et la formule du prix.
Les deux sociétés ont finalement signé un nouveau contrat qui régit les livraisons depuis le 1er novembre. Moldovagaz doit rembourser sa dette dans les cinq ans à venir. L'accord approprié doit être conclu avant le 1er mai 2022, mais précédé d’un audit indépendant de la dette.
La Présidente moldave Maia Sandu avait précédemment déclaré que la dette totale de son pays se montait à quelque 6,2 milliards d’euros.