Un drone de l’armée française qui survolait des manifestants au Burkina Faso a été abattu le 20 novembre par un garçon de 13 ans avec un simple lance-pierres. L’appareil, qui surveillait la foule rassemblée depuis la veille pour empêcher le passage d’un convoi de l’armée, a été détruit par celle-ci, tandis que l’adolescent est désormais surnommé "le sniper n°1" du Burkina Faso.
Le convoi logistique, venant de Côte d’Ivoire et à destination du Niger, a été arrêté le 18 novembre face à la pression de milliers de manifestants s’opposant à son passage.
De nouveau bloqué
Les véhicules ont été bloqués le 20 novembre par des manifestants. Les Français s’étaient repliés sur un terrain vague grillagé en attendant qu’on leur libère la route, mais des manifestants ont voulu forcer le passage et ont lancé des cailloux.
Les soldats français ont procédé à des tirs de sommation. Les forces de sécurité burkinabées étaient elles aussi présentes sur les lieux au moment des faits. Les tirs ont fait quatre blessés, mais l’origine des balles reste indéterminée, écrit Le Monde.
Des négociations menées par les autorités locales ont permis au convoi de reprendre son trajet vers Ouagadougou, mais dimanche soir, il a de nouveau été bloqué. Les Burkinabés accusent l’armée française de ne rien faire pour mettre fin aux attaques.
Plus de 50 morts
La dernière attaque, perpétrée contre le détachement de gendarmerie d’Inata le 14 novembre, a fait, selon un dernier bilan, 49 tués parmi les gendarmes et quatre autres parmi les civils. Puis des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes pour réclamer le départ du Président Roch Kaboré, élu à la tête du pays en 2015 et réélu en 2020, et critiquer la présence militaire française sur le terrain.
Pour le journal burkinabé Le Pays, cette attaque meurtrière est "la goutte d’eau qui semble avoir fait déborder le vase".
Interrogé par Jeune Afrique une semaine plus tard, Roch Kaboré a évoqué son indignation et annoncé l’ouverture d’une enquête et promis, en cas de besoin, des poursuites, admettant être "conscient" que "la situation est très difficile".
Le pays vit une montée des violences djihadistes. Plusieurs milliers de personnes avaient manifesté fin juin dans les régions du Nord et du Centre-Nord, contre "l'insécurité grandissante", appelant les autorités à prendre des mesures appropriées.
Le Burkina Faso est confronté depuis 2015 à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières de groupes djihadistes qui ont fait environ 1.500 morts et contraint plus d’un million de personnes à fuir leurs foyers dans les zones de violences.