Présidentielle française 2022

"L’abstention et la dépolitisation profitent mécaniquement à Macron", selon Arnaud Benedetti

Entre Gilets jaunes et anti-pass, les contestations sociales semblent couver en France. L’élection présidentielle pourra-t-elle refermer la fracture entre le peuple et les élites politiques? Pour l’essayiste Arnaud Benedetti, la démocratie française n’a jamais été aussi fragile et menacée.
Sputnik
"La France est un pays qui s’est construit par la politique, j’entends par l’État. C’est l’État qui construit en France la société nationale. Il y a en France des attentes bien plus fortes vis-à-vis de l’État et de la politique que dans d’autres pays. Le désamour des Français pour la politique ne signifie pas qu’il n’y a pas de demande d’État", observe Arnaud Benedetti devant les caméras de Sputnik.
L’image de la politique aux yeux des Français n’a jamais été aussi ternie. Selon le baromètre de confiance du CEVIPOF (Centre d’études de la vie politique française), sur la période 2018-2021, entre 77 et 85% des personnes interrogées adhèrent à l’affirmation suivante: "Les hommes et les femmes politiques ne se préoccupent pas de ce que les gens comme vous pensent." Pis, entre 65 et 71% des sondés valident l’idée selon laquelle "les hommes et les femmes politiques sont plutôt corrompus".
Pour Arnaud Benedetti, auteur de l’essai Comment sont morts les politiques (éd. du Cerf), l’essor de la mondialisation et l’incapacité des politiques à incarner le pouvoir depuis plus de trente ans expliquent en grande partie une telle défiance.
"Il y a en France une relation de fascination-répulsion pour la politique. Le mouvement des Gilets jaunes, par exemple, interpellait les élites et le politique pour leur dire: “Ressaisissez-vous du contrôle des événements pour nous protéger économiquement”", décrypte le rédacteur en chef de la "Revue politique et parlementaire".
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