«Lors de chaque élection présidentielle, on parle de tout sauf de l’éducation», déplore René Chiche avec une pointe d’exaspération.
Les premières propositions des candidats pour 2022 n’ont pas vraiment convaincu l’agrégé de philosophie. Hausse du recrutement des enseignants formulée par Jean-Luc Mélenchon et Fabien Roussel, doublement des salaires proposé par Anne Hildalgo ou encore suppression du collège unique promise par Michel Barnier. Autant de mesures qui ne vont pas forcément dans le mauvais sens selon notre interlocuteur, mais qui passent à côté des vrais enjeux. La crise du système scolaire est selon lui une fois de plus abordée «de manière caricaturale et superficielle» et sous le seul «angle des moyens». Pour l’auteur de La Désinstruction nationale (Éd. Ovadia), le mal est ailleurs. Et bien plus profond.
Pour René Chiche, les enseignants doivent faire face à un «quasi-illettrisme» parmi leurs ouailles. Notamment dans le secondaire. Le professeur dénonce à notre micro «le désastre» du «rapport à l’écrit, à la langue, la capacité à raisonner, à maintenir une distance critique vis-à-vis des discours» chez les élèves. Aboutissement logique selon lui d’une entreprise de «désinstruction nationale» à l’œuvre depuis une quarantaine d’année dans notre pays.
Un constat soutenu par les derniers résultats de l’évaluation du ministère de l’Éducation nationale rendus publics lundi 15 novembre. Chez les élèves du secondaire, le ministère constate de grosses lacunes en lecture. À l'entrée en sixième, près d'un jeune sur deux n'a pas le niveau requis. «Si on acceptait de regarder la réalité en face, on serait effrayés», s’inquiète René Chiche, qui estime que tout est à reprendre.