De l’Assemblée nationale aux conseils municipaux des petites communes en passant par les instances régionales. Si la tribune demandant "une réponse d’ampleur aux violences sexuelles et sexistes" dans le milieu politique n’a vu le jour que le 15 novembre, ce n’est pas la première fois que des femmes élues dénoncent ce type d’abus.
"Madame le ministre"
Début octobre, la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a raconté que lors d’un débat sur les éoliennes à l’Assemblée nationale, M.Aubert, rapporteur d'une proposition de loi, l’a appelée "Madame le ministre".
"Je demande de manière très claire à être appelée Madame la ministre, et si Monsieur le député ne respecte pas cela, il sera appelé Monsieur la rapporteure", avait alors lancé Mme Pompili.
Yasmina Benguigui, ministre déléguée à la Francophonie sous François Hollande, avait pour sa part également dénoncé le comportement de certains députés à l’Assemblée nationale.
"Dès que les femmes bougent, c'est des moqueries. Le trajet au micro est très long. Nous savons que sur les quelques mètres que nous allons traverser, nous allons entendre des histoires du style: 'Bouge ton cul !', ‘Petit cul !', etc.", retraçait-elle sur Europe 1 en juin 2021.
Micro coupé
En février 2021, l’élue Europe-Écologie-Les Verts (EELV) des Hauts-de-Seine Pauline Rapilly Ferniot s’est vue couper le micro en plein conseil municipal par le maire Les Républicains (LR) Pierre Christophe Baguet alors qu’elle interpellait la majorité sur les abus sexuels dans ce milieu. Une vidéo montrant cette intervention a été diffusée sur les réseaux sociaux.
Une vidéo filmée à Paimpol (Côtes-d’Armor) a immortalisé un épisode dans lequel la maire de cette commune, Fanny Chappe, a dénoncé les "propos sexistes" que lui a adressés son prédécesseur Jean-Yves de Chaisemarin. Il a notamment appelé l’édile, en plein conseil municipal, "ma cocotte" et "maîtresse".
"On vit comme dans les années 1960"
Par ailleurs, alors que la capitale accueillait une manifestation contre les violences faites aux femmes #NousToutes, Le Parisien a donné la parole à plusieurs élues dénonçant avoir été à maintes reprises victimes de sexisme dans le cadre de leur travail. Le quotidien les a croisées autour de la clôture du 103e congrès des maires à Paris.
Bien que la plupart de leurs confrères hommes aient nié l’existence d’un sexisme, l’un d’eux a pourtant pointé "des blagues graveleuses".
Alors que Cathy Venturino-Gabelle, maire sans étiquette de Barjols dans le Var, confie entendre "encore: ‘Une femme, ça ne peut pas comprendre’", l’adjointe au maire de Lommerange, dans la Moselle, Laure Tomc, déclare avoir l’impression de vivre "comme dans les années 1960".
L’écologiste Anne-Claire Boux, adjointe à la mairie de Paris, dénonce pour sa part non seulement des propos déplacés, mais aussi des "mains baladeuses, quand tout le monde se rapproche".
"On m’a dit que j’étais pire qu’une vieille prostituée qui réciterait des Je vous salue Marie en rentrant dans l’église", fait part de son expérience Marine Tondelier, élue Europe-Écologie-Les Verts (EELV) d’opposition à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais.
Certaines élues pointent à leur tour "l’absence de réactions" et "de solidarité féminine" dans ces cas.
"Le sexisme en politique est transpartisan", a jugé auprès du quotidien Julia Mouzon, fondatrice d’Élues locales, saluant pourtant un certain progrès sur cette voie.