Pour Moscou, l’enquête publique sur une "victime" du Novitchok vise à occulter l’affaire Skripal

L’ambassade russe à Londres n’a pas laissé sans commentaire la décision des autorités britanniques d’ouvrir une enquête publique sur la mort de Dawn Sturgess, présumée victime d’un empoisonnement au Novitchok. Selon les diplomates, c’est un nouveau pas pour rendre les preuves davantage floues et empirer les relations entre les deux pays.
Sputnik
Alors que le gouvernement britannique a annoncé jeudi 18 novembre l’ouverture d'une enquête publique concernant la mort de Dawn Sturgess, cette démarche n’apporte pas plus de transparence dans l’affaire Skripal, estime la diplomatie russe. Pour elle, l'enquête du coroner est ainsi remplacée par un format encore plus "flou".
"Par ironie, l'essentiel d’une enquête publique, c’est qu'elle permet de classer les éléments de preuve. Ainsi, un autre pas est fait vers une "confirmation" quasi judiciaire de la version politique de ce qui s'est passé, la version que les autorités britanniques utilisent depuis trois ans et demi pour détruire les relations avec notre pays. Les résultats d'une telle "enquête" ne bénéficieront d'aucune confiance", a souligné l’ambassade.
Des points à éclaircir
Les diplomates énumèrent ensuite des questions qui restent toujours sans réponse. Notamment: où Sergei et Ioulia Skripal ont-ils passé la matinée du 4 mars 2018 alors que leurs téléphones étaient éteints? Où se trouvent les enregistrements vidéo de la caméra de surveillance de la maison de Sergueï Skripal? Comment se fait-il que l'infirmière en chef des forces terrestres britanniques ait accordé les premiers soins aux Skripal? Pourquoi la police a-t-elle eu besoin de plusieurs jours pour retrouver le prétendu flacon avec le Novitchok dans la maison de Dawn Sturgess, s’il se trouvait sur l'étagère de la cuisine? Et, concluent les diplomates, la question la plus importante: où et dans quel état se trouvent Sergueï et Ioulia Skripal, "kidnappés et emprisonnés par les services spéciaux britanniques"?
Une enquête publique
Jeudi 18 novembre, la ministre britannique de l'Intérieur Priti Patel a annoncé le lancement d’une enquête publique sur la mort de Dawn Sturgess, mère de trois enfants, âgée de 44 ans, qui est décédée, selon la version de Londres, le 8 juillet 2018 après s'être servie d’un parfum qui était en fait un agent neurotoxique contenu dans un flacon ramassé par son compagnon. Les enquêteurs britanniques affirment qu’elle était une victime collatérale de l'empoisonnent de l'ex-agent double Sergueï Skripal.
Troissuspects désignés par Londres
Le 21 septembre, la police britannique a désigné Sergueï Fedotov comme étant le troisième membre du renseignement militaire russe (GRU) responsable d’avoir empoisonné Sergueï Skripal à Salisbury, dans le sud-ouest de l'Angleterre, aux côtés d’Alexandre Petrov et Rouslan Bochirov. Cette accusation comme les précédentes a été démentie par Moscou qui a insisté de nouveau sur "une investigation professionnelle, juste et impartiale".
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