La journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école tombe cette année le 18 novembre. À cette occasion, Emmanuel Macron annonce dans une vidéo sur les réseaux sociaux de nouvelles mesures. Un mois après le suicide de Dinah, adolescente de 14 ans victime de ce fléau, il concède que les mesures prises il y a deux ans (interdiction des portables au collège, référents anti-harcèlement, numéro 3018) ne sont pas suffisantes.
"Malheureusement, aujourd’hui, le harcèlement sévit toujours à l’école, sur les réseaux sociaux, sans laisser aucun moment de répit à ceux qui en sont victimes", déplore-t-il, "je veux dire à tous ces jeunes qui sont harcelés, nous sommes de votre côté".
Début novembre, il avait reçu à l’Élysée plusieurs adolescents victimes de harcèlement. Ils lui avaient "tous parlé de la même mécanique vicieuse qui se met en place à chaque fois. L'isolement, la pression continue, la peur de le dire, la honte d'en parler à ses proches, l'humiliation", poursuit-il.
Il annonce désormais une application mobile visant à "faciliter le signalement" par les victimes. "Elle sera lancée en février", promet-il, et devrait notamment permettre d’envoyer directement des captures d’écrans comme preuve de cyberharcèlement.
Il compte, entre autres, renforcer les points d’accueil physique (associations, maisons de jeunes), proposer une "certification à la sensibilisation au numérique" pour les élèves de sixième, et changer la loi pour faire installer le contrôle parental sur tous les appareils utilisés par les enfants. "Il ne faut rien céder à la loi du silence, de l’indifférence ou de la honte, nous ne lâcherons rien", conclut-il.
Plan de l’Éducation nationale
En outre, Jean-Michel Blanquer devrait annoncer aujourd’hui un plan d’action contre le harcèlement scolaire, rapporte France Bleu. Le 17 novembre, au Sénat, il avait déjà annoncé vouloir étendre le programme pHARE à tous les collèges, visant à mettre en place des ambassadeurs et des ateliers de sensibilisation au harcèlement. Ce jeudi, il doit également rencontrer les responsables des principaux réseaux sociaux pour "renforcer leur capacité de prévention" et de traitement du cyberharcèlement.
Deux semaines, plus tôt, le ministre a participé à une conférence de l’UNESCO menant à la signature, avec le Mexique et le Maroc, de la "Déclaration de Campeche contre la violente et le harcèlement à l’école, y compris la cyber intimidation". Elle vise notamment à "promouvoir des mécanismes de prévention permettant une attention opportune à la population scolaire qui exerce, subit ou est témoin de harcèlement".
D’après un récent rapport du Sénat, de 6 à 10% des élèves subissent du harcèlement lors de leur scolarité, soit un total de 800.000 à un million chaque année. Un quart des collégiens disent avoir subi au moins une atteinte via les nouvelles technologies, et le nombre de victimes de vidéos et photos visant à les humilier a plus que doublé entre 2009 et 2018.
Phénomène récurrent
Le sujet est revenu dans l’actualité fin septembre avec le suicide de Chanel, 12 ans, dans le Pas-de-Calais, qui s’était plainte de harcèlement. À peine quelques jours plus tard, la lycéenne Dinah, 14 ans, mettait fin à ses jours pour la même raison.
Ce jeudi, plusieurs de ses proches ont annoncé à l’AFP vouloir déposer des plaintes pour "faire jaillir la vérité, que justice soit faite". D’après la procureure de la République de Mulhouse, l’enquête se poursuit "par un certain nombre d'auditions ainsi que par l'exploitation de l'utilisation des réseaux sociaux et du téléphone de la jeune fille". Le point de départ de ce harcèlement serait la révélation de son homosexualité auprès d’autres élèves.