Risquant d’écoper d’une nouvelle amende ou d’une peine de prison pour incitation à la haine raciale, Éric Zemmour semble ne pas être le bienvenu dans certaines villes françaises et même à l’étranger où il a l’intention d’organiser des rencontres publiques.
L’une des plus anciennes sociétés scientifiques britanniques, la Royal Institution, a annulé une conférence prévue le 19 novembre où le potentiel candidat à la présidentielle s’apprêtait à s’adresser à la communauté française.
La décision a été tranchée à 48 heures du début de l’événement, après un "examen approfondi", a rapporté à l’AFP un porte-parole de cet établissement situé à Londres. Selon lui, la réservation de la salle ayant accueilli François Fillon en 2016 a été faite dans un délai très court, seulement la "semaine dernière".
Auprès de l’agence, l’entourage d’Éric Zemmour a déploré cette décision "incompréhensible sur le plan du droit commercial" et "scandaleuse en termes de méthode".
Pour autant, sa conférence devrait se tenir le même jour dans la capitale britannique, bien que le lieu ne soit pas encore connu.
Persona non grata à Genève?
Prévue le 24 novembre à Genève, une rencontre entre le polémiste et l’avocat genevois Marc Bonnant fait aussi l’objet d’une controverse. Les autorités locales ont clairement exprimé leur désaccord quant à la venue de Zemmour dans la cité de Calvin, rapporte RTS. D’après elles, sa présence "n’est dans tous les cas pas opportune dans un lieu géré par la ville".
Elles ont déjà refusé la tenue de cette réunion au restaurant du Parc des Eaux-Vives, lieu du sommet entre Vladimir Poutine et Joe Biden en juin dernier, "pour des raisons sécuritaires", ajoute le média. Cependant, le conseiller de l’État du canton de Genève Mauro Poggia estime qu’une telle opposition formelle ne peut se justifier.
"Si certains s’offusquent des propos d’Éric Zemmour, cela ne suffit pas encore pour l’interdire de parole en l’état actuel et il n’y a pas de quoi retenir un risque pour l’ordre public", a-t-il déclaré, cité par le quotidien suisse 24 Heures.
Et d’ajouter: "Pour ma part, je considère que ce type de censure doit être utilisé avec parcimonie dans une démocratie, car seul le débat doit être à même de contrer un discours haineux".
Un appel à interdire sa conférence
Lancée sur Change.org, une pétition contre la venue du polémiste qualifié de "délinquant multirécidiviste" a été signée par environ 2.200 personnes à la date du 18 novembre. Elle met en relief ses condamnations pour "provocation à la discrimination raciale" et "provocation à la haine religieuse" par des propos racistes et islamophobes.
Dans ce texte, les médias hexagonaux sont accusés de participation "à la banalisation et à la normalisation des idées xénophobes" visant à "en faire un Trump à la française".
Fin octobre, la venue du polémiste à Vannes dans le Morbihan a été annulée, son entourage évoquant auprès du Télégramme des "difficultés à trouver une salle adaptée".
"Ça devient de plus en plus compliqué de réserver des lieux. On se trouve face à des annulations quand le nom d’Éric Zemmour est indiqué".
Une cause complémentaire était que la rencontre risquait d’être perturbée par des groupes d’opposants, a ajouté son entourage.
À Biarritz, sa venue a eu lieu sous des huées hostiles de manifestants rassemblés devant la scène. "Honte à vous", "dégage", pouvait-on lire sur des pancartes. Un rassemblement a également eu lieu à Nante devant la salle où le polémiste devait se produire pour présenter son dernier livre.