Brigitte Macron se joint à la polémique du pronom neutre "iel"

Face à la polémique autour du pronom "iel" désignant une personne sans indiquer son genre, Brigitte Macron, ex-professeure de français, a défendu l’idée classique de deux pronoms. Une approche également prônée par le ministre de l’Éducation pour qui il ne faut pas "triturer la langue française".
Sputnik
Contraction des pronoms elle et il, "iel" a été introduit dans le dictionnaire Le Robert dans son édition en ligne il y a quelques semaines et ne cesse depuis de nourrir la polémique, jusqu’à atteindre le sommet de l’État.
Brigitte Macron s’est exprimée sur le sujet.

"Il y a deux pronoms: il et elle. La langue est si belle et deux pronoms c’est bien", expose l'ex-professeure de français en marge d'un déplacement dans un collège du XVe arrondissement de Paris avec Jean-Michel Blanquer ce 18 novembre, rapporte Paris Match.

Arguments contre

Le ministre de l’Éducation nationale, qui s’est montré plutôt sceptique quant à la pertinence de ce pronom, a davantage développé ses arguments:

"On ne doit pas triturer la langue française, quelles que soient les causes. Le féminisme est une grande cause, mais ce n’est pas une cause qui justifie de triturer la langue française".

Il a cependant souligné les avantages de la féminisation des noms de profession. Mais "les modifications inopinées de la langue française, ce n’est bon à aucun titre", renchérit le ministre.
Il y a quelques jours, Jean-Michel Blanquer a apporté son soutien au député François Jolivet (LREM), farouche opposant à ce nouveau pronom, et à l’écriture inclusive en général. Il avait sollicité l’Académie française pour qu’elle se prononce sur le sujet, car selon le député, son entrée dans Le Robert n’est qu’une "intrusion idéologique manifeste qui porte atteinte à notre langue commune".

Arguments pour

Pourtant, cet avis n’est pas partagé par toute la classe politique. Ainsi, Élisabeth Moreno, ministre chargée de l'Égalité hommes-femmes s’est déclarée favorable à l’usage d’"iel".
"Pourquoi est-ce si choquant de dire que "iel" est un pronom neutre qui vient enrichir la langue? […] Je ne vois pas ce que ça enlève à ceux qui n'ont pas envie de l'utiliser", s’interroge-t-elle sur Franceinfo ce 18 novembre.
Le directeur général des éditions Le Robert, Charles Bimbenet, a défendu mercredi 17 novembre l’ajout à la version en ligne de son dictionnaire du pronom non genré, prenant ainsi ses distances avec le militantisme:

"Est-il utile de rappeler que Le Robert, comme tous les dictionnaires, inclut de nombreux mots porteurs d’idées, présentes ou passées, de tendances sociétales, etc.? Ce qui ne vaut évidemment pas assentiment ou adhésion au sens véhiculé par ces mots".

La rédaction du Robert explique que l’usage de ce mot reste relativement faible, mais que depuis quelques mois, ses documentalistes ont constaté la croissance de son usage.
"La mission du Robert est d’observer l’évolution d’une langue française en mouvement, diverse, et d’en rendre compte. Définir les mots qui disent le monde, c'est aider à mieux le comprendre", insiste le directeur général des éditions.
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