"Incitation à la haine raciale", telle est l’accusation avancée contre l’ex-journaliste et probable candidat à la présidentielle dans le cadre du procès ouvert ce 17 novembre à la 17e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris.
Le polémiste a décidé de ne pas se présenter à l’audience, mais a réagi via une déclaration écrite publiée sur les réseaux sociaux et intitulée "Faux "mineurs isolés": on ne me fera pas taire!".
"Comme vous pouvez l'imaginer, cette procédure ouverte par le Parquet de Paris, de sa propre initiative, n'est rien d'autre qu'une tentative d'intimidation de plus!", considère le polémiste.
Il assume ses propos
Les propos en question ont été tenus le 29 septembre 2020 au cours des débats dans Face à l'info, émission qu’Éric Zemmour coanimait sur CNews.
Évoquant l’attentat perpétré devant les ex-locaux de Charlie Hebdo par un Pakistanais quatre jours auparavant, l’essayiste s’était alors exclamé: "Ils n'ont rien à faire ici, ils sont voleurs, ils sont assassins, ils sont violeurs, c'est tout ce qu'ils sont, il faut les renvoyer et il ne faut même pas qu'ils viennent".
Lanceur d’alerte "persécuté"?
Dans sa déclaration Zemmour assume ses propos.
"En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin", poursuit le polémiste, reprenant la phrase célèbre de Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort, moraliste du XVIIIe siècle.
"Je suis donc aujourd’hui poursuivi sur le fondement de lois liberticides pour avoir critiqué des personnes qui, selon leurs propres mots, "sont là pour piller la France". Des clandestins qui, la plupart du temps, ne sont ni mineurs, ni isolés… mais souvent délinquants!", s’indigne Zemmour.
Habitué aux procès
Une trentaine d’associations, dont SOS racisme ou encore la Ligue des droits de l'homme (LDH), ainsi qu’une vingtaine de conseils départementaux se sont constitués partie civile dans ce procès.
Le directeur de publication de la chaîne CNews, Jean-Christophe Thiery de Bercegol du Moulin, sera jugé aux côtés de son ancien employé en tant que diffuseur des propos. En mars 2021, le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a sanctionné la chaîne d'une amende de 200.000 euros pour "incitation à la haine et à la violence".
Plusieurs fois relaxé, Éric Zemmour a été condamné à deux reprises pour provocation à la haine. En mars 2010, quand il a déclaré sur Canal+ que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est un fait", puis en février 2011 à 2.000 euros d'amende avec sursis pour provocation à la haine raciale. En 2016, intervenant sur France5, il a déclaré qu'il fallait donner aux musulmans "le choix entre l'islam et la France" et que la France vit "depuis 30 ans une invasion", se voyant condamné en septembre 2019 à une amende de 3.000 euros pour provocation à la haine religieuse.
D’après Franceinfo, le potentiel candidat à la présidentielle 2022 fait actuellement l’objet de huit autres procédures en cours.