"Nous sommes en situation de dépendance quasi totale": invités de Jacques Sapir et Clément Ollivier dans Russeurope Express sur Sputnik, les ingénieurs Régis Portalez et Jean-Charles Hourcade dressent un état des lieux amer du numérique en France. Cofondateurs du collectif X-Alternative, qui regroupe des élèves et anciens élèves de Polytechnique, ils ont participé à une note coproduite avec le think tank Intérêt général et publiée en juillet.
Dans ce texte intitulé "Souveraineté numérique: reconquérir et protéger - Les quatre piliers d’une stratégie planifiée et intégrée", le groupe propose une vision structurelle de tout le système numérique, de la mine de matières premières jusqu’aux logiciels libres en passant par les réseaux et les composants.
La notion de souveraineté numérique est désormais revendiquée jusqu’au sommet de l’État: "On doit sécuriser les briques les plus sensibles et investir sur les éléments les plus souverains pour sécuriser nos écosystèmes", plaidait Emmanuel Macron le 12 octobre lors de la présentation du plan France 2030. Le président de la République reconnaissait en revanche qu’un cloud totalement souverain n’était pas prêt de voir le jour.
"Nos gouvernants se reposent sur les start-ups, hypothétiques entreprises innovantes qui seraient en mesure de venir créer de nouveaux marchés pour bâtir les “géants de demain”", ironise X-Alternative dans sa note.
Une dépendance hexagonale résumée par une formule: "numérique partout, souveraineté nulle part". "Ceux qui contrôlent les infrastructures contrôlent également le contenu", poursuit Jean-Charles Hourcade. "Il y a un problème évident de surveillance, abonde Régis Portalez. Nous nous exposons à des problématiques d’espionnage. Les Américains sont en train de démanteler tous les équipements réseau de Huawei qui avaient été déployés. Je pense que nous devrions faire exactement la même chose avec les appareils américains."
Pour s’émanciper des superpuissances américaine et chinoise, les auteurs proposent de développer les logiciels libres à travers un pôle public du numérique. Ils veulent aussi faire de l’accès des citoyens au réseau un droit fondamental. Mais cela implique, préviennent les ingénieurs, d’être à nouveau en mesure de produire et concevoir des composants, et donc de s’assurer un approvisionnement viable et écologique en matières premières.
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