Débordés par l’insécurité et la présence constante de vendeurs au marché noir du quartier lyonnais de la Guillotière, certains commerces préfèrent fermer plus tôt pour éviter les violences nocturnes, alors que les autres rapportent une perte de clientèle.
Depuis des années voire des décennies, ce quartier est connu pour son marché noir où se vendent stupéfiants, cigarettes de contrebande et objets en tout genre, mais aussi pour des vols fréquents à l’arraché et diverses agressions. La situation s’aggrave aujourd’hui davantage.
"On a des clients réguliers qui se font agresser et qui déménagent", indique un opticien du quartier cité par Le Figaro, alors que le restaurant Best Bagels fait état d’une chute de son activité de 60% par rapport à l’époque pré-pandémique. Ses recettes ont diminué d’au moins 30%.
"En septembre, un homme a été blessé par balle en face du restaurant. C'est très clair que les clients ont peur de venir à la Guillotière. Même moi, j'ai peur pour mes salariés. Je ne sais pas combien de temps je vais tenir".
Un cogérant d’une pâtisserie du quartier a également déploré une situation "dramatique": "On est en France mais en fait il y a des zones où on n’ose pas passer", a-t-il rapporté.
Pour protéger son personnel et ses clients, le supermarché Casino est désormais ouvert jusqu’à 17 heures, préférant baisser son rideau avant que la nuit tombe. Situé à côté, le McDonald’s réduit également ses heures d’ouverture. À partir de 15 heures, il ne fait que de la vente à emporter.
Risque d’avoir une balle perdue
Créée pour obtenir des solutions concrètes des autorités locales, l’association citoyenne La Guillotière en colère dénonce sur les réseaux sociaux les actes de violence et l’insécurité qui règnent. Malgré diverses mesures mises en place, la situation ne cesse de se détériorer.
"Tant que c'est des bagarres, on peut s'en éloigner. En revanche, il y a eu deux fois des coups de feu et il peut y avoir une balle perdue. On commence vraiment à risquer notre vie", a estimé la présidente de l’association Nathalie Balmat, citée par RMC.
Entre-temps, la mairie a proposé une piétonisation et l’installation de bancs, une mesure qui "n’est pas au niveau", poursuit Nathalie Balmat.
"Je veux simplement qu'on puisse traverser une place sans se faire piquer son portable, sans avoir peur parce que quelqu'un a sa main dans ma poche ou sur mes fesses", a-t-elle tranché.
Les autorités réagissent
Reconnaissant "la situation d’exaspération" des commerçants et habitants, le maire de Lyon, Grégory Doucet, admet qu’un déploiement "plus régulier" des forces de l’ordre dans le quartier pourrait apporter des fruits. Par ailleurs, il a tenu de rappeler que "la présence policière est déjà extrêmement importante".
Dans le même temps, le préfet a déclaré sur Twitter faire "de la sécurité une priorité en coordination avec le Procureur et le Maire de Lyon". Pascal Mailhos a assuré appliquer tous les moyens qui lui sont alloués tout en notant que Gérald Darmanin avait accordé "à sa demande" une trentaine de CRS supplémentaires.
En plus d’un an, 4.000 personnes ont été interpellées dans ce quartier et 75 ont été écrouées, précise RMC.