Crise migratoire Biélorussie-UE

La Pologne veut construire un mur contre les migrants

Après avoir érigé une clôture en barbelés contre les migrants tentant de pénétrer dans l’UE et déployé des policiers et des militaires pour les repousser, Varsovie compte construire un mur à sa frontière avec la Biélorussie. Le projet devrait être réalisé "au premier semestre de l'année prochaine".
Sputnik
Face à l’afflux de milliers de migrants en Biélorussie dans le but d'entrer dans l'Union européenne via la frontière avec la Pologne, Varsovie souhaite construire un mur. Comme l’a annoncé le vice-ministre polonais de l’Intérieur, Maciej Wonsik, sur les ondes de PolskieRadio, le projet devrait être réalisé "au premier semestre de l'année prochaine".
"Il serait irresponsable de désigner des dates précises tant que les accords n’ont pas été signés", a-t-il indiqué.
Le vice-ministre a également ajouté que, pour le moment, "4.000 gardes-frontières, 2.000 policiers, 15.000 soldats de l'armée polonaise étaient déployés à la frontière biélorusso-polonaise".

223 tentatives d'entrée illégale

Le 14 novembre, la police polonaise a annoncé sur Twitter qu’un groupe d'une cinquantaine de migrants avait franchi la frontière biélorusse pour entrer en Pologne près du village de Starzyna.
Tous ont été interpellés et ramenés à la frontière, a précisé une porte-parole des gardes-frontières à l'agence de presse officielle polonaise PAP.
Les gardes-frontières polonais ont annoncé avoir recensé au total 223 tentatives d'entrée illégale sur le territoire samedi.

La Pologne en appelle à l’Otan

Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a appelé le 14 novembre l'Otan à prendre des "mesures concrètes" face à la crise migratoire, ajoutant que son pays, la Lituanie et la Lettonie pourraient invoquer l'article 4 du traité de l'Atlantique Nord. Cet article prévoit que tout pays membre de l'organisation peut à tout moment demander l'ouverture de consultations s'il juge que son intégrité territoriale, son indépendance politique et sa sécurité sont menacées.
M.Morawiecki a déclaré à l'agence de presse officielle polonaise PAP que les nouvelles sanctions envisagées par l'UE pourraient aller jusqu'à "la fermeture complète de la frontière". Selon lui, l'UE devrait participer financièrement à la construction d'un "mur" à la frontière.
Plus tôt cette semaine, le ministère de la Défense du Royaume-Uni avait annoncé avoir envoyé un groupe de militaires britanniques en Pologne pour aider le pays à renforcer sa frontière avec la Biélorussie. Pour la Défense britannique, il s’agit d’une assistance qui s’inscrit dans "une longue amitié" entre Londres et Varsovie, qui sont des alliés au sein de l’Otan.

Une unité militaire ukrainienne prête à "détruire" tout migrant

Alors qu’aucune menace ne pèse sur l’Ukraine du côté de la frontière biélorusse, les militaires de la 61e brigade d'infanterie déployés à la frontière ont déclaré qu’ils étaient prêts à "détruire tout" migrant qui tenterait de pénétrer dans le territoire ukrainien.
Cette déclaration de militaires ukrainiens intervient peu après la proposition d’un député allemand d’héberger en Ukraine les migrants. Selon cet élu, ils pourraient rester sur le territoire ukrainien pendant l’examen de leur demande d’asile dans l’UE.
Le Président ukrainien avait promis, pour sa part, que Kiev "réagirait de manière adéquate à l’évolution de la situation" à sa frontière.

Les tensions montent

Le 9 novembre, le Premier ministre polonais a accusé Vladimir Poutine d'orchestrer la crise des migrants.
Le Président biélorusse Alexandre Loukachenko "est l'exécutant de la dernière attaque, mais son commanditaire se trouve à Moscou et ce commanditaire est le Président Poutine", a déclaré Mateusz Morawiecki au cours d'une réunion d'urgence du Parlement polonais.
La Biélorussie a dénoncé ces accusations "sans fondement" et a jugé que la Pologne, membre de l'UE, violait les droits de l'homme en ne laissant pas les migrants entrer sur son territoire. Le 10 novembre, le Service biélorusse des gardes-frontières l’a accusée d’avoir violenté quatre migrants.
Commentant les accusations, Vladimir Poutine a affirmé que l’Europe avait elle-même créé les conditions de l’afflux de centaines de milliers de migrants.
"C’est de leur propre faute. Politique, militaire et économique. Ils ont eux-mêmes créé les conditions pour que des milliers et des centaines de milliers de personnes arrivent. Maintenant ils cherchent des coupables sur qui rejeter la responsabilité de ce qu’il se passe", a-t-il signalé sur la chaîne de télévision Rossiya 1.
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