Ce lundi 15 novembre, les cosmonautes russes Anton Chkaplerov et Piotr Doubrov et l’astronaute américain Mark Vande Hei ont dû embarquer en urgence dans le vaisseau Soyouz en raison d’un passage de débris spatiaux à proximité de l’ISS, a indiqué à Sputnik l’agence spatiale russe Roscosmos. Cette dernière les avait informés de l’approche d’un fragment de satellite potentiellement dangereux à 10h06, heure de Moscou (8h06, heure de Paris).
"L'équipage du Soyouz est dans le vaisseau spatial, les écoutilles sont couvertes, nous sommes prêts", a confirmé M.Doubrov.
Au bout de quelques minutes d’attente, le cosmonaute a confirmé n’avoir remarqué "aucun signe" de collision. "Tout est calme", a-t-il assuré. Pendant ce temps, l’autre partie de l’équipage est restée dans le vaisseau américain Crew Dragon.
Tous sont revenus dans l’ISS, mais l’opération a dû être répétée à peine 1h30 plus tard à cause d’un deuxième passage de débris. Aucun dégât n’a été constaté. Les trois hommes du vaisseau Soyouz se préparent à nouveau à ouvrir les écoutilles pour rejoindre la station. Cette opération est nécessaire lorsqu’une approche dangereuse de débris est connue trop tard pour opérer une manœuvre d’évitement, laquelle met plusieurs heures à se faire.
Avec le récent retour sur Terre de Thomas Pesquet et de trois autres astronautes, il reste actuellement sept personnes à bord de l’ISS: les deux Russes Piotr Doubrov et Anton Chkaplerov, les Américains Mark Vande Hei, Raja Chari, Thomas Marshburn, Kayla Barron et l’Allemand Matthias Maurer.
Manœuvre d’évitement
Le 10 novembre, l’ISS avait dû manœuvrer pour éviter des débris d’un satellite chinois abattu lors d’un test d’arme antisatellite effectué par la Chine en 2007. Trois manœuvres d’évitement de ce type avaient été réalisées en 2020, et 25 entre 1999 et 2018. Les mouvements de débris dans l’espace sont constamment observés, puisque le moindre petit objet peut causer des dommages considérables à la Station.
Problème des débris spatiaux
Ces débris inquiètent de plus en plus les spécialistes tant ils se multiplient au fil des années, auxquels s’ajoutent les nombreux satellites régulièrement envoyés dans l’espace. Le sujet était déjà évoqué en 1978 par le scientifique de la NASA Donald Kessler. Il avait émis l’hypothèse selon laquelle les détritus spatiaux seront un jour si nombreux qu’il sera presque impossible de lancer d’autres fusées et satellites en toute sécurité.
Ce reproche a notamment été adressé à Elon Musk en raison de son projet Starlink, prévoyant d’ajouter jusqu’à 40.000 satellites dans l’espace et risquant ainsi de l’encombrer. D’après les derniers chiffres de l’Agence spatiale européenne, quelque 9.600 tonnes de débris se trouvent actuellement en orbite terrestre. Une immense majorité (330 millions) est des morceaux de moins d’un centimètre, mais 36.500 mesurent plus de 10 centimètres.
Peu de solutions à ce problème existent actuellement. Roscosmos avait breveté en 2019 un satellite capable de "s’évaporer" lorsque sa durée de fonctionnement touche à sa fin. Il serait alors uniquement fabriqué à l’aide de matériaux ayant la propriété de passer à l’état gazeux. Un autre projet russe, également présenté en 2019, consiste à ramasser et recycler les déchets en orbite. En juillet 2021, un accord a été signé entre Roscosmos et l’Afrique du Sud afin d’y créer une station de recherche de débris spatiaux équipée d’un système de détection autonome.