Intervenant vendredi 12 novembre sur les ondes de la radio Deutschlandfunk, l’ambassadeur ukrainien en Allemagne Andriy Melnyk a vivement réagi à l’idée du député allemand Nils Schmid d’impliquer l’Ukraine dans la résolution du problème des migrants à la frontière entre la Biélorussie et l’Ukraine.
M.Schmid a suggéré sur Deutschlandfunk qu’un pays tiers comme l'Ukraine pourrait participer au règlement de la crise. Selon lui, les migrants pourraient y être hébergés pendant l’examen de leur demande d’asile dans l’UE.
"Ce qui a surtout indigné, voire choqué l’opinion ukrainienne dans cette initiative absurde, c’est que notre gouvernement n’a pas été sollicité, personne ne nous a consultés. Cela témoigne d’un non-respect, d’une arrogance à l’égard de l’Ukraine", a déclaré le diplomate ukrainien.
Kiev prêt malgré tout à examiner une proposition officielle
Selon lui, il y a dans cette proposition "des notes de colonialisme allemand" bien connues des Ukrainiens depuis la "guerre d’extermination" [la Seconde Guerre mondiale, ndlr].
"À l’époque, notre pays était considéré comme un espace vital. Il semble qu’aujourd’hui certains hommes politiques ne nous considèrent pas comme des partenaires égaux, mais comme un territoire à côté, une décharge de migrants, pour qu’ils ne se retrouvent en aucune circonstance dans l’Union européenne. Nous constatons un deux poids deux mesures", a signalé le diplomate.
Il a également reproché à l’Union européenne une réaction insuffisante à la crise des migrants et a ajouté que Kiev était prêt à examiner une proposition officielle de Bruxelles là-dessus, si elle était formulée.
Exacerbation de la crise
La situation s’est aggravée depuis lundi à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne où des milliers de migrants, parmi lesquels nombre de femmes et d’enfants, tentent de pénétrer sur le territoire polonais.
Les autorités polonaises accusent Minsk d’avoir provoqué une crise migratoire. La police et l’armée ont été dépêchées sur les lieux et l’état d’urgence a été décrété par Varsovie dans la région frontalière.
Les migrants qui essaient de franchir la clôture en barbelés érigée côté polonais sont violemment repoussés par les forces polonaises.
Le Président biélorusse Alexandre Loukachenko a signalé qu’en raison des sanctions occidentales, Minsk n’avait "ni argent, ni forces" pour contenir la ruée des migrants vers l’UE.