L’histoire de son enlèvement par deux hommes que la jeune joggeuse de Mayenne a d’abord avancée pour expliquer sa disparition s’est avérée être une pure fiction, a reconnu l’intéressée vendredi 12 novembre. Les blessures qu’elle présentait étaient également d’origine accidentelle, selon le parquet, elle aurait notamment découpé elle-même son tee-shirt avec une paire de ciseaux.
En effet, une source proche des investigations en cours a confié au Parisien que si certains enquêteurs avaient eu des doutes dès l’audition à l’hôpital de mercredi, c’est les expertises médico-légales qui ont rendu évident le fait que les égratignures superficielles constatées ne correspondaient pas aux violences évoquées par la jeune femme qui disait avoir été frappée par ses ravisseurs.
Si cette fille de 17 ans se dit "désolée d’avoir causé une mobilisation importante" de 200 militaires, elle fait tout de même l’objet d’une procédure pour "dénonciation d’infraction imaginaire".
D’après le Code pénal, "le fait de dénoncer mensongèrement à l'autorité judiciaire ou administrative des faits constitutifs d'un crime ou d'un délit qui ont exposé les autorités judiciaires à d'inutiles recherches est puni de six mois d'emprisonnement et de 7.500 euros d'amende".
Comportement inexpliqué
Le mensonge désormais avoué, les enquêteurs veulent réunir les éléments relatifs à la personnalité de la jeune fille, "susceptible d’éclairer les raisons de son comportement pour l’heure inexpliqué".
Interrogée par LCI, Hélène Romano, docteur en psychopathologie, suggère que la jeune fille a "très probablement terriblement souffert" et cache une vérité trop difficile à dire. La spécialiste évoque des situations lorsque des enfants et adolescents mettent notamment en place "un scénario" quand la réalité est "insupportable à dénoncer". Elle illustre une telle situation par l’exemple d’un enfant qui accuse à tort un enseignant au lieu de désigner son beau-père.
La psychologue appelle également à ne pas diaboliser la jeune fille mais au contraire à l’accompagner dans les prochains jours car il existe dans certains cas un risque de passage à l’acte suicidaire.
Des cas similaires
Ce n’est pas la première fois que de jeunes personnes se présentent comme des victimes d’enlèvement. Ainsi, en novembre 2020, une enquête pour "enlèvement, séquestration, actes de torture et viols sur mineur" avait été ouverte par le parquet de Grenoble après qu’une adolescente de 15 ans avait été retrouvée dénudée et prostrée dans un buisson. Si elle a d’abord affirmé avoir été enlevée par "trois hommes encagoulés", la jeune fille a reconnu quelques jours plus tard avoir menti et s'être imposée elle-même des blessures.
En février 2021, une jeune femme de 19 ans a été découverte attachée à un tuyau de gouttière près de Nancy, elle a déclaré alors avoir été victime d’un enlèvement. Pourtant, elle a ensuite admis avoir tout inventé.