Cette séquence aurait pu être une publicité comme les autres promouvant en ligne des services classiques. Le client potentiel y trouvera une adresse, des horaires d'ouverture et des liens vers les réseaux sociaux du prestataire. Sauf qu'il s'agit d'un clip réalisé, avec un drone, par des revendeurs de Marseille opérant dans la cité Château Saint-Loup (10e) afin de faire la promotion d'un point de deal.
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"Bienvenue à la Rass", indique le générique, pourtant bourré de fautes d’orthographe, lequel promet qu'"un accueil chaleureux vous sera réservé" de "11h à 02h, toute la semaine". La marchandise est également présentée.
Plusieurs liens destinés à contacter les vendeurs ne sont cependant plus actifs. Ainsi, le groupe Snapchat indiqué dans la vidéo, où les clients pouvaient voir l’état des stocks et passer commande, a depuis été supprimé, précise France 3.
Tous les codes de la publicité sont employés à l’image, sans chercher à se cacher, s'étonne auprès de France Bleu Provence l'un des policiers ayant découvert le clip sur Internet. Les enquêteurs cherchent à identifier les individus montrés sur la vidéo.
La police n'a pas le droit aux drones
Un responsable de ce point de deal a pu être contacté par BFM Marseille Provence via une messagerie privée. "C’est important de se démarquer, de ne pas ressembler à tout le monde", a-t-il expliqué en vantant ce marketing anonyme sur les réseaux sociaux. "Il n’y a ni armes, ni sang, ni violence", dit-il en qualifiant cette publicité de "sympathique".
De son côté, Rudy Manna, secrétaire départemental Bouches-du-Rhône du syndicat Alliance Police nationale, déplore auprès de BFM TV la possibilité qu'ont les revendeurs d'utiliser des drones. "Les policiers n'ont pas le droit de (les) utiliser sur les manifestations. Ça a été retoqué par le Conseil d'État. Eux, ils utilisent des drones là où nous on ne peut pas les utiliser".
La ville de Marseille compterait en moyenne 160 points de deal, ajoute le média.
Le parquet de Marseille a par la suite ouvert une enquête pour "provocation à l’usage ou au trafic de stupéfiants". Les délinquants encourent cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende, selon BFM Marseille.
La ville de la drogue?
Le trafic de stupéfiants et les règlements de comptes en série qui en découlent restent un problème de taille dans la cité phocéenne depuis une quinzaine d’années. Déjà en février 2021, le ministre de l’Intérieur annonçait 300 fonctionnaires de police supplémentaires, affectés prioritairement dans les quartiers nord, bastions du trafic, relatait Le Monde. Le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti y avait annoncé, fin août, l’affectation de 12 nouveaux magistrats. Mais pour l'instant rien ne semble avoir bougé.