La jeune fille de 17 ans, retrouvée vivante mardi soir en Mayenne après une disparition inexpliquée alors qu'elle était partie courir, "a retrouvé sa famille" et "aucune interpellation n'est intervenue" jusqu'à présent, a annoncé ce 11 novembre le parquet de Laval.
Cette disparition énigmatique a été largement discutée dans les médias. Interrogé sur BFM TV le 9 novembre, le général de gendarmerie et ancien patron de la section de recherche de Versailles, Jacques Morel, a fait un commentaire qui a mis en colère les féministes.
Il faut "rappeler aux jeunes filles et aux jeunes femmes qu’il devient un peu imprudent de courir toute seule en forêt. Même si c’est des itinéraires qu’on connaît, les gens vous repèrent si vous passez là plusieurs fois par semaine, et ça peut donner l’idée à un détraqué de vous attendre sur votre parcours. Donc il faut absolument que la course devienne une activité qu’on ne fait plus toute seule. Vous voyez bien que toutes ces histoires, c’est jamais des hommes qui sont attaqués".
Des propos qui ont fait bondir les internautes, notamment des militantes féministes qui se sont insurgées en commentaire.
"Pour éviter les discours culpabilisant les femmes: entre 2007 et 2017, il y a eu 7 meurtres et assassinats de joggeuses par un inconnu. Il y a en moyenne sur la même période 1 femme tuée tous les 3 jours par son (ex)conjoint", écrit sur Twitter Valérie Rey-Robert, auteure du livre "Une culture du viol à la française".
C’est "de l’inversion de culpabilisation. On va faire porter à la victime une partie de la responsabilité de son agression, la blâmer. C’est par exemple dire: une femme ne devrait pas porter de jupes courtes, ne devrait pas boire en soirée, sinon elle va se faire agresser. On n’imaginerait pas dire à quelqu’un qui vient de se faire cambrioler: bah oui, il ne fallait pas partir en vacances aussi", fustige auprès de Ouest-France une militante du collectif féministe Nous toutes 53.
De son côté, l’athlète Marie-Amélie Juin a raconté, toujours auprès de Ouest-France, qu’elle entendait souvent ces mises en garde. Selon elle, les jeunes filles doivent rester prudentes, mais il ne lui semble pas nécessaire d’alarmer la communauté "comme certains le font parfois".
Les investigations avancent
La section de recherches d'Angers et la brigade de recherches de Château-Gontier "poursuivent un travail minutieux d'auditions, réquisitions, vérifications pour préciser le déroulement de la journée pendant laquelle la jeune fille a disparu, en se basant notamment sur ses déclarations", indique dans un communiqué la procureure de la République de Laval, Céline Maigné.
Les investigations sur le lieu des faits touchent à leur fin, ce qui va permettre un désengagement des militaires de la gendarmerie sollicités à cet effet, a-t-elle ajouté.
La jeune fille "a été prise en charge sur le plan médical et a pu retrouver sa famille", a précisé la magistrate, selon laquelle "aucune interpellation n'est intervenue".
Une enquête pour enlèvement et séquestration a été ouverte mardi.
Un homme avait été placé en garde à vue lundi soir après cette disparition, mais il a été mis hors de cause, avait annoncé la procureure plus tôt dans la journée. Il s’agit d’un individu qui avait appelé les gendarmes à plusieurs reprises pour tenter d'avoir des informations sur la disparition de la jeune fille.
La jeune lycéenne a été retrouvée vivante mardi soir dans un restaurant de Sablé-sur-Sarthe, à environ dix kilomètres de la zone où elle était partie faire son jogging. Selon le maire de la ville, elle se trouvait dans un état de choc extrême.