La situation est explosive à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Pour le secrétaire d’État français aux Affaires européennes Clément Beaune, il ne faut pas tomber dans le piège, mais réagir avec fermeté en respectant les valeurs de l’UE.
Accusations contre la Biélorussie
"Attaque migratoire", "trafic d’êtres humains". C’est ainsi que le responsable français, invité ce jeudi sur BFM TV, a décrit la situation à la frontière biélorusso-polonaise.
"Depuis 2020 [...], Monsieur Loukachenko essaye de mettre la pression sur l'UE avec un trafic organisé d'êtres humains à la frontière. Nous sommes solidaires de la Pologne. C’est l’Europe qui est testée", assure Clément Beaune, soulignant la "solidarité" et la "fermeté" de l'UE, alors que des milliers de migrants sont pris au piège à la frontière. "Ce n'est pas une crise migratoire comme on l'a connue dans le passé, notamment il y a une dizaine d'années. C'est une attaque migratoire, il faut avoir conscience de ce qui se passe", renchérit le secrétaire d’État, qui appelle les compagnies aériennes à suspendre leurs vols du Proche et Moyen-Orient vers l'aéroport de Minsk.
La Russie impliquée?
Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur une possible implication russe et turque, Clément Beaune a répondu que la France "n’avait pas d’élément qui montre une complicité dans cette affaire".
"Mme Merkel a parlé à M.Poutine, Florence Parly et Jean-Yves Le Drian recevront leurs homologues russes demain. Si la Russie n’est pas une partie du problème, elle est une partie de la solution. Parce que la dépendance de la Biélorussie à Moscou est de plus en plus forte. Il y a une capacité d’influence évidente de la Russie sur la Biélorussie pour aider à arrêter ce trafic. Nous devons utiliser cela", poursuit-il.
Précédemment, la Pologne avait accusé la Russie d’avoir orchestré cette crise migratoire. La diplomatie russe a dénoncé des accusations "surprenantes" et souligné qu’il était "impossible de mentir comme ça, sans le moindre scrupule".
Crise migratoire
La Pologne et l’Union européenne accusent depuis plusieurs mois la Biélorussie d'encourager l'entrée illégale d'étrangers en Pologne et d'autres pays via son territoire en réponse aux sanctions que Bruxelles lui a imposées pour violations des droits de l'homme.
Des accusations "sans fondement", selon Minsk qui juge que Varsovie, membre de l'UE, viole les droits de l'homme en empêchant les migrants d’entrer sur son territoire.
Le 10 novembre, le Service biélorusse des gardes-frontières a accusé la Pologne d’avoir violenté quatre migrants. Varsovie a pour sa part annoncé avoir lancé un coup de filet contre les migrants massés à sa frontière. Le même jour, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé que l'UE allait étendre ses sanctions contre la Biélorussie, accusée par l'Occident d'orchestrer un afflux de migrants aux frontières de l'Europe.
En réponse, le Président Loukachenko, dont l’UE ne reconnaît pas la réélection, a menacé de couper le transit de gaz vers l'Europe si Bruxelles décrétait de nouvelles sanctions à l'encontre de la Biélorussie.
En pleine crise et échange de menaces, le ministère biélorusse des Affaires étrangères s’est déclaré ouvert à la possibilité de négociations avec l’UE et l’Onu pour rapatrier les migrants.
La France, l'Estonie et l'Irlande prévoient en outre d'évoquer ce jeudi cette crise lors d'une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l'Onu, ont indiqué mercredi des diplomates.