Évoquant sur sa page Facebook la situation tendue avec les migrants à la frontière polono-biélorusse, le Président du Conseil des ministres de la Pologne, Mateusz Morawiecki, a rappelé des événements de la période de la Première Guerre mondiale et de la guerre soviéto-polonaise en 1919-1920.
Selon l’homme politique, son pays résiste à une agression de son "voisin oriental".
"La situation qu’on affronte est un nouveau type de guerre. C’est une guerre dans la laquelle la population civile et les médias de masse sont des munitions", a écrit Mateusz Morawiecki.
Le chef du gouvernement polonais ne doute cependant pas de l’issue victorieuse de cette "guerre" pour la Pologne.
M.Morawiecki cite dans ce contexte les propos prononcés en juillet 1914, le mois du déclenchement de la Grande Guerre, par Jozef Pilsudski, un homme d’État polonais du début du XXe siècle, qui luttait pour l’indépendance de la Pologne de l’Empire russe.
D’après Jozef Pilsudski, pour gagner dans les "conditions les plus compliquées", "il faut regarder clairement la vérité, même la plus sombre".
En avouant que pour son pays la situation actuelle est quand même moins dramatique que l’époque de la création de l’État polonais et ne demande pas de sacrifices de vie, le Premier ministre évoque la nécessité constante de protéger sa patrie comme c’était le cas durant la guerre soviéto-polonaise en 1920.
"Mais bien que les règles de la lutte aient changé, une chose reste inchangée – la mesure de sécurité est la volonté de défendre la République de Pologne, de défendre ses frontières et sa souveraineté", conclut Mateusz Morawiecki, dont le profil sur Facebook l’identifie comme "patriote, économiste et historien".
Ces raisonnements viennent deux jours après ses accusations contre Moscou, qui, selon M.Morawiecki, "orchestre" les tensions provoquées par l’afflux de migrants aux frontières de l’UE, ce que le Kremlin dément.
Sujet inquiétant pour l’Onu
Alors que les autorités polonaises procèdent à des parallèles historiques avec des événements sanglants du début du XXe siècle, la crise migratoire à la frontière de l’UE et surtout les mesures sévères contre les clandestins prises par certains de ses membres attirent l’attention de l’Organisation des Nations unies (Onu).
Dans son discours au Parlement européen mercredi 10 novembre, le Haut Commissaire de l’Onu pour les réfugiés, Filippo Grandi, a exprimé sa préoccupation par une "réaction instinctive" sous forme de "discours xénophobe irresponsable, les murs et les barbelés, les violents refoulements" des migrants que l’Onu observe "dans certains endroits" de l’UE.
Selon Filippo Grandi, qui a préféré ne mentionner aucun pays européen, ce défi migratoire ne justifie pas une telle réponse de la part de l’UE, qui "devrait et peut faire mieux".
Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont par ailleurs appelé Minsk et Varsovie à " garantir la sécurité, la dignité et la protection des droits des personnes bloquées à la frontière".