Le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) a-t-il détruit l’image des chasseurs "écologistes" que la FNC tente de faire accepter par l’opinion publique depuis plusieurs années?
Invité dans l’émission Les grandes gueules sur RMC, Willy Schraen a fait une déclaration controversée, assurant que la régulation des espèces grâce à l’activité de chasse n’est pas le premier objectif des chasseurs.
"Tu penses qu’on est là pour réguler? Mais t’as pas compris, c’est une passion! On prend du plaisir dans l’acte de chasse", lâche-t-il à son interlocutrice, l’avocate Marie-Anne Soubré, la tutoyant.
Tuer, "ça en fait partie [de la chasse]", renchérit-il continué, emporté par ses émotions. Et d’asséner:
"Tu crois qu’on va devenir les petites mains de la régulation […]? J’en ai rien à foutre de réguler!".
Le contrepied
Pourtant, c’est tout un autre message que la FNC tente de faire passer ces dernières années. Depuis 2018, début d’une campagne de communication massive pour corriger l’image de la chasse, la Fédération nationale des chasseurs affirme que les chasseurs sont les "premiers écologistes" de France, car ils "participent bénévolement à la sauvegarde de la biodiversité de nos campagnes" en régulant les espèces invasives.
Selon l’exemple donné par Guy Guédon, président de la FNC des Deux-Sèvres, au journal Le Monde, des chasseurs sont engagés pour l’aménagement du territoire, comme pour l’entretien des haies et des bords de chemin, ou encore la remise en état de zones humides, un engagement qui "ne se limite pas à la chasse".
Réactions
La sortie du président de la FNC a fait réagir plusieurs acteurs de la défense de la cause animale.
"Au moins, c’est dit. La "régulation"? Un prétexte pour assouvir un plaisir sadique: celui de tuer", condamne l’association de protection animale L214.
"Il est temps que Monsieur Willy Schraen réfléchisse sur ses propres pulsions mortifères", répond pour sa part Laurence Parisot, connue par sa défense de la cause animale.
"La chasse, c'est les chasseurs qui en parlent le mieux", résume quant à lui Julien Bayou, secrétaire national du parti écologiste EELV.
La chasse en France
Lors de la saison 2019-2020, la France comptait 1.023.000 chasseurs, selon les chiffres de la FNC.
En 2018, le coût du permis chasse a considérablement baissé, passant de 400 à 200 euros. Une mesure qui a engendré une envolée du nombre d’adeptes: début juin 2021, on comptait en France 18% de candidats en plus au permis de chasse par rapport à l'an dernier, d’après BFM TV.
Actuellement, environ 90 espèces issues de la faune sauvage peuvent être chassées en France, rapporte l’Office français de la biodiversité (OFB).