Sergueï Lavrov a promis une conversation sérieuse sur le thème ukrainien lors de la prochaine réunion des ministres russes et français des Affaires étrangères et de la Défense.
"Le fait que la France avertit qu’elle posera la question de l’Ukraine, témoigne, à mon avis, de la compréhension par nos collègues français du fait que lors de notre conversation de demain, mais aussi en général, ils ne se dédouaneront pas de la responsabilité pour le comportement de leurs protégés ukrainiens. Je parle du régime du Président ukrainien Volodymyr Zelensky… Nous aurons une conversation très sérieuse à ce sujet", a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse le 11 novembre.
Il a ajouté que Kiev "torpille et fait ouvertement fi de tous les conseils" en bénéficiant de la connivence de Paris et de Berlin.
En ce qui concerne les déclarations de Paris d’après lesquelles Moscou a refusé de participer à une rencontre au format Normandie le 11 novembre, le ministre russe a signalé que "ce ne sont pas les manières auxquelles nous sommes habitués de la part de nos partenaires français".
"Lorsque nos collègues français ont déclaré que la Russie avait refusé de se réunir le 11 novembre au format Normandie au niveau des ministres des Affaires étrangères, nous avons tout expliqué sur papier dans le menu détail", a-t-il précisé.
M.Lavrov a rappelé que lorsque l’initiative de cette rencontre avait été évoquée il y a deux semaines par Jean-Yves Le Drian, il avait informé ce dernier des négociations qu’il avait à cette date avec l’homologue d’un État ami.
"Si cet argument n’est pas convaincant, je tiens à le répéter: il faut revenir aux manières auxquelles nous sommes accoutumés dans la diplomatie et dans les relations humaines normales", a-t-il résumé.
Une démarche non diplomatique, voire impolie
Lors d’une rencontre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian à Rome le 30 octobre, M.Lavrov avait parlé de cette réunion au format Normandie et lui avait expliqué ce que la Russie attendait.
"Je lui ai dit que, tout d'abord, nous aimerions avoir une réaction de nos collègues sur des propositions de fond, parce que c'est le fond de l'affaire qui est prioritaire sur les arrangements protocolaires du genre +nous nous rencontrons, posons devant les caméras, la télévision et envoyons ainsi le signal que le format Normandie fonctionne+. Nous n'avons pas besoin de performances aussi ostentatoires", a signalé le ministre russe.
Selon lui, Jean-Yves Le Drian lui a avoué pas avoir regardé les propositions envoyées par Moscou à Paris.
Après que Berlin et Paris ont de nouveau insisté pour qu’on tienne une réunion le 11 novembre malgré toutes les explications de la Russie, M.Lavrov a jugé cette démarche de non diplomatique voire impolie. Selon lui, "il n'y aura rien le 11 novembre, aucune nouvelle date n'est discutée".
L’annonce de Paris
Les autorités françaises ont annoncé mardi dans un communiqué que les ministres français et russes des Affaires étrangères et de la Défense se réuniraient le 12 novembre.
"Outre les enjeux de stabilité stratégique et de sécurité européenne, cette rencontre permettra d’évoquer les dimensions politique et militaire de crises régionales et internationales", ont précisé dans ce communiqué les ministères français.
Au menu, "les situations en Ukraine et dans la bande sahélo-saharienne sur lesquelles la France exprimera ses préoccupations concernant les actions de la Russie", indique le document.
Moscou appelle Paris et Berlin à ramener Kiev à l'ordre
La porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova avait précédemment proposé aux autorités françaises et allemandes d’appeler Kiev à honorer les accords de Minsk. La Russie souhaite notamment que les partenaires occidentaux de l’Ukraine, en tant que co-auteurs desdits accords et membres du format Normandie, fassent le maximum pour que Kiev opte pour des moyens politiques de règlement du conflit.