Moscou fait des propositions au format Normandie et se voit accusé d’entraver son fonctionnement

Tandis que la Russie attend toujours des réponses à ses propositions concernant la réunion au format Normandie avec Berlin, Paris et Kiev, elle s’est retrouvée sous le feu de critiques de la part de la France et de l’Ukraine, qui l’accusent d’avoir rejeté la réunion qu’elles souhaitent tenir le 11 novembre.
Sputnik
La Russie, qui a décliné une rencontre des ministres des Affaires étrangères au format Normandie proposée par Jean-Yves Le Drian pour le 11 novembre, s’est retrouvée sous le feu des accusations de la part de la France et de l’Ukraine, bien que son refus s’explique par l’absence de réaction à ses propositions sur une telle réunion, a annoncé le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.
En outre, Paris nie ne pas avoir répondu aux propositions de Moscou concernant ce sujet.

Moscou a donné ses raisons sans recevoir de suite

Le 29 octobre, la Russie avait envoyé à Berlin, Paris et Kiev sa vision de ce à quoi pourrait ressembler un projet de document final d'une éventuelle réunion ministérielle au format Normandie. Selon M.Lavrov, le projet de document faisait "environ trois pages".
Lors d’une rencontre avec son homologue français Jean-Yves Le Drian à Rome le 30 octobre, M.Lavrov avait parlé de cette réunion au format Normandie et lui avait expliqué ce que la Russie attendait.
"Je lui ai dit que, tout d'abord, nous aimerions avoir une réaction de nos collègues sur des propositions de fond, parce que c'est le fond de l'affaire qui est prioritaire sur les arrangements protocolaires du genre +nous nous rencontrons, posons devant les caméras, la télévision et envoyons ainsi le signal que le format Normandie fonctionne+. Nous n'avons pas besoin de performances aussi ostentatoires", a martelé le ministre russe.
Selon lui, Jean-Yves Le Drian lui a avoué pas avoir regardé les propositions envoyées par Moscou à Paris.

"Il a répondu par la négative, il n'a pas encore eu le temps de les regarder. Mais il a de nouveau insisté sur la nécessité de se réunir le 11 novembre. Je lui ai confirmé que, premièrement, nous attendions une réaction à nos propositions et, que deuxièmement, même si ces accords avaient mûri et que la partie substantielle était prête, j'avais un programme très chargé pour le 11 novembre qui comprend notamment une visite du ministre des Affaires étrangères d'un pays ami", a détaillé Sergueï Lavrov.

La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, avait précédemment annoncé que le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop se rendrait à Moscou le 11 novembre.

Une démarche "non diplomatique"

Après que Berlin et Paris ont de nouveau insisté pour qu’on tienne une réunion le 11 novembre malgré toutes les explications de la Russie, M.Lavrov a jugé cette démarche de non diplomatique voire impolie. Selon lui, "il n'y aura rien le 11 novembre, aucune nouvelle date n'est discutée".

"Nous avons reçu un nouveau message conjoint des ministres des Affaires étrangères allemand et français où le 11 novembre est désigné presque comme la seule date possible. Je ne parle même pas de l'étiquette diplomatique, c'est tout simplement malpoli en termes humains. Nous avons ainsi adressé des arguments supplémentaires proposant de traiter le fond de la question plutôt que de planifier des événements pour une simple formalité. Nous avons nommé les mesures spécifiques prises par le régime de Kiev pour torpiller les accords de Minsk", a souligné Sergueï Lavrov.

Paris nie ne pas avoir répondu aux propositions de Moscou

Pour sa part, la porte-parole du Quai d'Orsay Anne-Claire Legendre a dit qu’il était "faux" d’affirmer que la France n’a pas donné suite aux demandes de la Russie, relate Reuters.
"La France et l'Allemagne ont répondu aux propositions de la Russie. Elles ont proposé la tenue d'une réunion ministérielle au format Normandie qui a été refusée par le ministre russe des Affaires étrangères", a-t-elle affirmé.

Ces pays sont "prêts pour une réunion"

Selon la porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères Andrea Sasse, les parties française, allemande et ukrainienne sont "prêtes pour une réunion".
Mais jusqu'à présent, aucune nouvelle date n'a été établie. Pour la date avancée du 11 novembre, Moscou a répondu qu’il ne jugeait pas opportun de tenir de telles consultations sans comprendre à quel point la réunion sera significative.

Les quatre pays veulent néanmoins intensifier leur discussions

Les quatre pays avaient annoncé le 11 octobre avoir décidé d'intensifier les pourparlers de paix sur le conflit dans l'est de l'Ukraine, dans lequel Paris et Berlin jouent le rôle de médiateurs, rappelle Reuters.
Sergueï Lavrov estime qu’une solution à la crise ukrainienne pourrait être trouvée si les États-Unis expliquent à Kiev la position de Washington et du Conseil de sécurité de l'Onu sur la nécessité de respecter les accords de Minsk.
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