Au moins 503 lobbyistes du secteur des combustibles fossiles, affiliés à certains des géants pétroliers et gaziers les plus polluants du monde, ont obtenu un accès à la COP26, inondant la conférence de Glasgow, relate l’ONG Global Witness qui a fait des calculs. Ces lobbyistes sont principalement divisés entre les délégations de 27 pays, dont le Brésil, le Canada et la Russie, alors que leur représentation était plus élevée. En outre, plus de 100 entreprises de combustibles fossiles sont représentées à la COP26.
"Nous avons repéré des délégués de plus de 100 entreprises de combustibles fossiles qui ont ouvertement déclaré leur affiliation, participant aux discussions dans le cadre de délégations nationales ou avec des groupes d'entreprises. Par exemple, un délégué sur huit de la délégation russe, forte de 300 personnes, était issu de l'industrie des combustibles fossiles, tandis que des lobbyistes étaient également présents dans les délégations officielles du Canada et du Brésil. Au total, 27 délégations officielles de différents pays comprenaient des lobbyistes de l'industrie des combustibles fossiles", écrivent les membres de Global Witness.
La jeune activiste suédoise Greta Thunberg n’a pas manqué de commenter ce calcul.
"+Il y a plus de délégués à la COP26 associés à l'industrie des combustibles fossiles que de délégués de n'importe quel pays+. Je ne sais pas pour vous, mais je ne suis pas à l'aise avec le fait que certains des plus grands méchants du monde influencent et dictent le destin du monde", a-t-elle écrit sur Twitter.
La plus grande représentation
Si le lobby des combustibles fossiles était une délégation nationale à la COP, il serait la plus importante avec 503 délégués, soit deux douzaines de plus que la plus grande délégation nationale, souligne l’ONG. En outre, leur nombre a dépassé le total combiné des participants des délégations des huit pays les plus touchés par le changement climatique au cours des deux dernières décennies, dont le Bangladesh, le Mozambique, Haïti, les Philippines, ou encore le Pakistan. Le total des représentants des délégations de ces pays affectés négativement s’élève à 494 personnes.
L'un des groupes les plus importants identifié est l'International Emissions Trading Association (IETA), avec 103 délégués présents, dont trois personnes de la compagnie pétrolière et gazière BP. L’IETA est soutenue par de nombreuses grandes compagnies pétrolières qui font la promotion du commerce du carbone pour leur permettre de continuer à extraire du pétrole et du gaz, souligne Global Witness.
Ensuite, tandis que le PDG de Shell, Ben Van Beurden, a déclaré la semaine dernière qu'il avait le sentiment que son entreprise n'était "pas la bienvenue" à la COP, au moins six personnes, dont David Hone, conseiller principal de Shell en matière de climat, ont participé à la COP26. Cela "montre que, même si la société tente de faire profil bas, elle n'a pas encore abandonné les négociations sur le climat", constate l’ONG.
Chasser les pollueurs de la politique climatique
L’ONG explique que les personnes comptées parmi les lobbyistes qui agissent au nom de l’industrie des combustibles étaient souvent affiliées à des sociétés comme Shell, Gazprom ou encore BP, étant en même temps des membres de délégations de différents pays.
"L'industrie des combustibles fossiles est confrontée à un conflit d'intérêts fondamental. Tant que son modèle économique repose sur la vente de produits polluants, une action appropriée contre la crise climatique constitue une menace pour ses profits. Les lobbyistes des combustibles fossiles ne devraient tout simplement pas avoir leur place dans les négociations sur le climat. Tout comme les lobbyistes du tabac ont été exclus des discussions sur la santé publique, nous devons chasser ces pollueurs de la politique climatique", indique Global Witness.