La loi récemment adoptée par le Parlement permet aux chefs d’établissement d’enseignement secondaire de prendre connaissance du statut virologique de leurs élèves. Après sa promulgation, chaque directeur aura accès à la liste des élèves vaccinés, a expliqué ce 8 novembre Jean-Michel Blanquer sur Franceinfo.
La mesure permettra de "mieux gérer la situation quand il y a un cas Covid dans la classe", avance le ministre.
Sans "trous dans la raquette"
Jusqu’à présent, selon le protocole en vigueur, une déclaration sur l’honneur suffisait pour qu’un élève ait accès aux cours.
"On s'aperçoit que c’est insuffisant, qu'il y a des cas de trous dans la raquette, pour le dire ainsi", lance Jean-Michel Blanquer, ajoutant qu’il y a eu des cas où les parents mentaient sur le statut vaccinal de leurs enfants.
"Pas une dimension très importante"
Quant à la possible violation du secret médical, si révélation du statut virologique de l’élève il y a, le ministre relativise.
"Ce n'est quand même pas une dimension très importante de l'état de santé de quelqu'un. Ce n’est pas une violation d’un secret qui est très important", justifie-t-il.
Il a préféré insister sur l’objectif du dispositif, à savoir prévenir des fermetures de classe.
"Notre objectif est très clair, très net depuis le début, c’est-à-dire avoir au maximum les élèves allant à l’école, ou en l’occurrence au collège ou lycée, d’où la politique, qui parfois a été critiquée quand je l’ai annoncée fin juillet […], qui a fait ses preuves. Cette politique qui nous permet de ne fermer presque aucune classe au collège et au lycée depuis septembre. Donc nous voulons la renforcer", renchérit-il.
Le secret médical mis de côté?
Pour certains enseignants et parents d’élèves, dévoiler le statut vaccinal, au détriment du secret médical, est liberticide.
"C'est donc le ministre de l'Éducation nationale qui décide de l'importance plus ou moins grande du secret médical... Qu'en pense le Conseil national de l’ordre des médecins?", s’interroge un professeur de français et histoire-géographie au collège Christophe Chartreux.
"Nous nous opposons donc fortement à cette décision qui ouvre une brèche énorme à l'exécutif pour nier les libertés fondamentales de l'individu et donc de nos enfants. Rappelons aussi qu'à ce jour, le vaccin n'est pas obligatoire, la situation vaccinale a donc encore moins de raison d'être demandée par les chefs d'établissement", a twitté Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public Peep13 suite à l’adoption du texte législatif.
Le dispositif prévoyant l’accès des directeurs de collèges et de lycée aux informations sur le statut virologique des élèves, leurs contacts avec des personnes contaminées et leur statut vaccinal, fait partie du projet de loi de Vigilance sanitaire adopté le 5 novembre par l'Assemblée nationale. Ce même texte prévoit également la prolongation du pass sanitaire jusqu’au 31 juillet 2022. Le dispositif sera valable jusqu'à la fin de l'année scolaire.