Prises par les troupes coloniales françaises en 1892, vingt-six œuvres des trésors royaux d'Abomey seront rendues demain par le Président de la République à son homologue béninois, Patrice Talon. Lors de son discours de Ouagadougou en 2017, Emmanuel Macron s’était engagé à poursuivre les restitutions culturelles à l’Afrique afin de permettre à "la jeunesse africaine d'avoir accès à son propre patrimoine". Mais, pour l’historien Amzat Boukari-Yabara, le locataire de l’Élysée ne fait que "moderniser les anciennes logiques de la Françafrique". Nicolas Sarkozy, François Hollande et désormais Emmanuel Macron ont juré de supprimer la Françafrique, héritage colonial politico-affairiste. Pourtant, selon le coauteur de L’Empire qui ne veut pas mourir (Éd. du Seuil): "En annonçant la fin de la Françafrique, on ne fait que la renouveler."
Très critique, Amzat Boukari-Yabara dénonce l’incohérence des mesures adoptées par Macron vis-à-vis de l’Afrique depuis son investiture. Celui-ci promettait à Ouagadougou en 2017 qu’il n’y avait "plus de politique africaine de la France". Mais la disparition du franc CFA annoncée puis reportée ainsi que le deux poids, deux mesures constaté envers les différents chefs d’État africains décrédibiliseraient la parole du président de la République. "La Françafrique n’est pas morte, ni enterrée", s’insurge notre interlocuteur, qui reproche à la France d’être toujours "présente" sur le territoire africain, sur le plan militaire, monétaire et culturel.