Les observateurs qui déplorent l’enlaidissement des villes françaises ont encore trouvé du grain à moudre. L’association Paysages de France vient en effet de remettre son traditionnel Prix de la France moche, qui "récompense" les communes les plus défigurées.
Le palmarès a encore entraîné son lot de controverses, en particulier dans la commune de Montalieu-Vercieu (Isère), qui s’est illustrée dans la catégorie Campagne publicitaire. Les panneaux accrochés sur les façades de certaines bâtisses en pierre ont en effet choqué les jurés.
Ce titre peu glorieux fait évidemment jaser les habitants et élus de la commune. À l’annonce du palmarès, certains ont même cru à une vilaine plaisanterie. D’autres déplorent que l’association n’ait pas d’abord pris contact avec la municipalité.
"J’ai dit bon, c'est peut-être juste une blague. Ça aurait été sympathique de la part de ces gens de venir en mairie poser les questions à monsieur le maire. J'appellerai ça une indélicatesse de leur part", explique ainsi à France Bleu Patrick Rossi, conseiller municipal à l'Environnement.
L’édile s’est pour sa part justifié en arguant d’un affichage sur des maisons privées, qu’il estime ne pas pouvoir empêcher, rapporte France 3. Un argument que réfute l’association Paysages de France.
"C'est plus que faux, c'est grave! Dire qu'il ne peut pas agir sur un terrain privé, j'en tombe des nues. La majeure partie de la publicité est sur le domaine privé, d'une part, et d'autre part le code de l'environnement dicte des règles applicables sur le domaine privé", explique ainsi à la chaîne de télévision Jean-Pierre Delahousse, porte-parole de l’association.
Plusieurs autres communes ont été récompensées dans diverses catégorie, dont Le Havre, fief de l’ancien Premier ministre Édouard Philippe.
Pourtant inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville a aussi été pointée du doigt pour ses panneaux publicitaires, vantant en particulier des marques d’alcool.
Enlaidissement des paysages
Ce phénomène d’enlaidissement a déjà été dénoncé par de nombreux penseurs. Il touche notamment les périphéries, où les zones commerciales se multiplient et où les lotissements fleurissent comme des champignons. La faute aux élus, qui se reposent souvent sur des promoteurs pour fournir de l’habitat clé en main, comme l’expliquait à Télérama Thierry Paquot, philosophe de l'urbain, il y a quelques années.
"La plupart des élus sont totalement incompétents en matière d'urbanisme, et de plus ont un goût exécrable […] L'habitat se banalise et conduit à cette France moche qui nie totalement l'esprit des lieux", déclarait ainsi le philosophe en 2010.
Mais les grandes villes ne sont pas non plus à l’abri, comme le prouve l’exemple parisien. En mars dernier, le hashtag #saccageparis était ainsi apparu sur les réseaux sociaux, accompagné de photos qui témoignaient de l’enlaidissement de la Ville lumière. La maire Anne Hidalgo avait alors fustigé une campagne ayant "beaucoup de proximité avec l’extrême droite". Un argument plus tard démonté par les fact-checkeurs de TF1.
Un récent sondage est encore venu illustrer ce désarroi des Parisiens face à l’état de leur ville. Début octobre, une enquête de l’Ifop avait en effet révélé que 84% des habitants considéraient Paris comme une ville "sale" et 39% comme une ville "très sale".
Fin août, des polémiques similaires avaient entaché la réputation de la Ville rose, dans le sillage du hashtag #saccageToulouse.