La diplomatie russe trouve "choquant" le tabassage de migrants à la frontière croate

"On comprend maintenant pourquoi l’Europe a une attitude aussi calme envers cette filiale de l‘Enfer qui se déploie", a commenté Maria Zakharova concernant l'enquête menée par des médias européens sur une vidéo réalisée à la frontière croate, dans laquelle des fonctionnaires tabassent des migrants et les chassent vers la Bosnie-Herzégovine.
Sputnik
Les récentes informations sur des migrants tabassés à la frontière croate sont "choquantes", a déclaré ce samedi la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova sur son compte Telegram. Selon elle, ces éléments montrent avec évidence comment sont mis en pratique en Europe les soi-disant "hauts standards en matière de droits de l’Homme".
"Il y a peu, des médias allemands ont publié une enquête choquante et une vidéo réalisée aux frontières de l’UE. […] Des hommes costauds vêtus d’un uniforme sans signes d'identification tabassent, à la frontière croate, des migrants arrivés de pays d’Asie du Sud avec des matraques", a-t-elle écrit.

La vidéo et l’enquête

L’agence de presse croate Hina avait annoncé début octobre, citant le ministre de l'Intérieur Davor Bozinovic, que plusieurs policiers croates avaient participé à des violences contre des migrants à la frontière avec la Bosnie-Herzégovine.
Précédemment, la chaîne de télévision croate RTL avait diffusé des images de passage à tabac de migrants à la frontière du pays. Les images montrent des personnes battant des migrants et les renvoyant de Croatie vers la Bosnie-Herzégovine. La vidéo avait été réalisée en juin et entraîné une enquête qui avait duré huit mois, relate le média novilist.hr. Cet enregistrement avait été analysé par des journalistes de plusieurs médias européens. En plus de RTL Croatie, l'étude a inclus Lighthouse Reports aux Pays-Bas, Swiss SRF Rundschau, Der Spiegel en Allemagne et d’autres, ainsi que plusieurs journalistes indépendants.
Selon Maria Zakharova, des équipes spéciales qui comprennent des fonctionnaires de police de pays de l’UE sont formées afin d’expulser les migrants hors des frontières européennes.
En effet, Der Spiegel notait début octobre que des mois de recherche journalistique conjointe avaient montré que des unités spéciales grecques et croates sont à l'origine de violations de la loi en vigueur aux frontières de l'UE. Trois agents ont été suspendus. Le ministre de l'Intérieur Bozinovic admet les allégations mais ne veut apparemment pas assumer lui-même la responsabilité, a noté le magazine.

La crise

Ces derniers mois, l’UE fait face à un afflux de migrants illégaux et en accuse la Biélorussie, la punissant avec des sanctions. Minsk, pour sa part, rejette son implication dans l’aggravation de la crise.
Les tensions sont en effet de taille à la frontière séparant l’ex-République soviétique et la Pologne, membre de l’Union européenne. Outre la Pologne, des interpellations massives de migrants ont été réalisées en Lituanie et en Lettonie. Le Président biélorusse avait promis que Minsk cesserait d’empêcher le transit de clandestins et le transfert de drogue vers l’Union européenne, accusant cette dernière d’avoir déclenché "une guerre hybride" contre son pays sur fond de protestations contre sa réélection à ce poste, non reconnue par l’UE et les États-Unis. L’afflux de migrants a contraint la Pologne à y envoyer des milliers de soldats et à décréter un état d’urgence dans la région. Fin octobre, le Parlement polonais a validé le projet gouvernemental pour construire un mur à la frontière avec la Biélorussie.
Le 21 octobre, Mme Zakharova soulignait que la première raison de la crise migratoire et de la croissance du terrorisme sont les interventions de l’Occident, mené par les États-Unis, en Irak, en Libye, en Syrie et en Afghanistan.

"On comprend maintenant pourquoi l’Europe a une attitude aussi calme envers cette filiale de l‘Enfer qui se déploie, des mains de Varsovie et de Vilnius, à la frontière est de l’UE avec la Biélorussie. Ce pas délibéré s’inscrit dans la politique migratoire de l’UE. N’a-t-elle pas de place ni dans le droit européen, ni dans la Convention de Genève sur le statut des réfugiés, ni dans la simple compassion humaine?", a-t-elle encore écrit.

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