Condamné à presque 17 ans de prison pour importation de stupéfiants et incarcéré depuis 2017 en Turquie, Fabien Azoulay, un Franco-Américain de 43 ans, a été extradé vers la France il y a cinq mois et est sorti de la prison de la Santé le 2 novembre à la faveur d’un aménagement de peine.
Son transfert dans une prison française a été obtenu le 14 juin dernier après un échange entre Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdogan en marge du sommet de l’Otan.
Vendredi 5 novembre, il a confié son soulagement et son bonheur dans une interview à BFM TV.
"Je me sens beaucoup mieux qu’à mon incarcération. Je me sens soulagé, heureux d’être avec mes proches, ma famille, mes amis. Je ne réalise pas encore complètement. C’est comme un atterrissage en douceur", a-t-il confié à la télévision sur ses premières impressions trois jours après avoir retrouvé la liberté, alors qu’en vertu de l’acte de condamnation turc la libération ne devait arriver que le 23 mai 2034.
Arrestation pour un stimulant interdit en Turquie
Fabien Azoulay a été arrêté en septembre 2017 dans son hôtel d’Istanbul où il s’était fait livrer du GBL, un solvant utilisé comme stimulant et interdit en Turquie 10 mois plus tôt.
"J'ai acheté un bidon de deux litres - c'était la quantité minimale de commande, pour m'amuser", explique-t-il.
Se retrouver dans un univers carcéral l’a sidéré.
"Je découvre un mauvais film policier, des cellules avec 50-60 personnes confondues. Je me dis, c’est un film, une caméra cachée. Je me dis que quelque chose va se passer."
Racketté, insulté et frappé
L’horreur de ces cellules où les fréquents conflits se réglaient souvent à coups de morceaux de verre brisé et où il était racketté, insulté et frappé a été décrit dans sa lettre à son frère Xavier révélée par Le Parisien en avril.
"Certains se prennent pour des caïds. Et ils exigent des faveurs des plus faibles. Si tu ne les exécutes pas, ils te battent, te giflent, ils t’humilient, je les maudis tous", a-t-il écrit.
La situation de Fabien a empiré lorsque ses codétenus ont appris qu’il était juif et homosexuel.
"J’ai eu plusieurs fois peur pour ma vie. Un détenu m’a agressé, qui était arrivé deux jours auparavant dans la cellule. Il m’a envoyé une bouilloire d’eau chaude sur le corps, le visage, en criant ‘Allahu akbar’. Avoir un nom de famille comme le mien, c’est comme une carte de visite, avec un tampon dessus", a-t-il raconté dans son interview.
Un homme qui doit "se reconstruire"
Le contraste est incommensurable avec les petits gestes quotidiens oubliés comme une tasse de café et une cigarette qu’il s’est offert dans un bistrot avec son avocat et son frère à la sortie de la Santé.
Désormais, son cap pour l’avenir est de "tout faire pour que [s]on nom soit lavé de cette fausse accusation".
"Je vais me reconstruire, essayer d’apprécier les petites choses de la vie, les feuilles de l’automne, le froid parisien. C’est une renaissance pour moi. Et à un moment ou à un autre, retourner chez moi à New York", conclut-il sa confession.