Le manque de solidarité européenne face à l’attitude passive agressive américaine aura marqué le dernier sommet du G20 à Rome. En témoigne l’image d’Emmanuel Macron attendant Joe Biden pendant une heure et demie à l’ambassade de France au Vatican.
"J’avais l’impression que la France avait été informée très en amont que l’accord ne serait pas conclu. Devant Dieu, je vous assure que je ne savais pas que vous ne l’aviez pas été," déclarait le Président américain à propos de l’annulation de l’accord sur les sous-marins français pour l’Australie. En réponse Emmanuel Macron a botté en touche, préférant évoquer "les décisions concrètes" prises dans la foulée de cette crise. Il a notamment cité le renforcement du "partenariat au Sahel", "la défense européenne", sa compatibilité avec l’Otan et diverses coopérations transatlantiques. "Pour moi, c’est l’avenir qu’il nous faut regarder", a lancé le Président de la République.
"Il n’y a pas d’unité européenne"
Sébastien Cochard, ancien diplomate aux États-Unis, revient sur cette séquence qu’il juge peu flatteuse pour la France:
"Macron assis à côté de Joe Biden, on avait l’impression qu’il était le mari trompé qui rencontrait l’amant de sa femme et qui avait un petit peu peur de prendre une baffe."
Le manque de réaction du chef de l’Etat français a en effet de quoi surprendre. La France est évincée d’un contrat de plusieurs dizaines de milliards d’euros sur 50 ans et le Président ne trouve rien de mieux que de se féliciter de la coopération américaine au Sahel, qui existait déjà?
Par ailleurs dans cette affaire, l’Hexagone s’est retrouvée seul, ne pouvant que relever le manque de solidarité de ses partenaires de l’UE. D’après l’ancien diplomate, ce manque de soutien n’est guère surprenant:
"L’absence de réaction européenne dans le cadre de cette affaire entre la France et l’Australie démontre qu’il n’y a effectivement pas d’unité européenne dans l’action extérieure."
En outre, Macron, dans sa réponse à Biden, a rendu caduque la notion de souveraineté militaire européenne en la soumettant à la tutelle de l’Otan. Pour Sébastien Cochard, l’idée d’une défense européenne est en effet un fantasme:
"Macron voudrait que, comme un seul homme, tous les chefs d’État de l’UE se rangent derrière la France pour la défendre. Ça n’a aucun sens. Ça fait partie de cette espèce de fantasme général dans lequel Macron cherche à faire à croire qu’il y aurait une unité européenne en matière de Défense, conclut Sébastien Cochard.