Alors que les migrants algériens affluent en Espagne dans l’espoir de rejoindre la France, leur trafic est devenu une industrie centralisée dirigée et contrôlée par des réseaux trans-méditerranéens, rapporte Jeune Afrique.
Des dizaines de bateaux de plus en plus performants partent quotidiennement des plages de l’ouest algérien vers les côtes espagnoles.
En Algérie, les migrants qu’ils transportent sont surnommés les harragas ou brûleurs, parce qu’ils mettent le feu à leurs papiers d’identité pour éviter une expulsion d’Europe.
Selon un document interne des autorités espagnoles, ils seraient près de 10.000 à être entrés illégalement en Espagne depuis le début de l’année, soit 20% de plus qu’il y a un an. Ce chiffre ne tient pas compte des personnes qui ont réussi à échapper aux autorités portuaires.
D’après l’hebdomadaire, l’époque où le trafic de migrants s’effectuait par des rafiots, des chalutiers, des bateaux pneumatiques ou de vieux esquifs est révolue.
Jusqu’à 6.000 euros pour une place
Les passeurs disposent désormais d’une flotte de bateaux-taxis équipés de moteurs de 200 à 300 chevaux permettant de gagner rapidement l’Espagne et de réaliser plusieurs rotations par semaine.
Jeune Afrique révèle que l’achat de ces bateaux modernes a conduit à une hausse des prix pour la traversée. Une place peut désormais coûter plus de 800.000 dinars (environ 5.000 euros). D’aucuns versent jusqu’à un million (6.300 euros) en fonction de la taille et du poids, ainsi que des conditions météo.
Au total, Jeune Afrique évalue le montant de ce commerce illégal à plus de 60 millions d’euros depuis début 2021.
Selon l’agence européenne Frontex, les Algériens sont la première nationalité en termes d’entrées illégales en Espagne et la troisième en Europe.
L’impuissance face à la pression migratoire côté français
L’afflux de clandestins algériens vers les communes françaises des Pyrénées-Orientales limitrophes de l’Espagne y crée de nombreux problèmes.
Rien qu’en octobre, la police aux frontières a interpellé 39 passeurs contre une dizaine habituellement.
"La situation s’aggrave, il n’y a pas vraiment de recours possible et cela devient très compliqué", a témoigné à CNews le maire du Perthus.
Selon les informations de France 3, à Cerbère les migrants transitent souvent via les tunnels de la SNCF, au péril de leur vie. "Jusqu’à une soixantaine dans la journée", relate un délégué syndical CGT-SNCF.
Le maire de Cerbère reconnaît que la municipalité est impuissante face à la pression migratoire.
"Ce problème ne sera géré ni par les barbelés aux frontières, ni par les forces de police. Nous n’avons ni associations, ni structures qui permettent de répondre à ce flux", déplore-t-il auprès de France 3.