L'Australie rompt le méga-contrat de sous-marins avec la France

France-Australie: "Nous ne sommes pas ennemis, mais nous avons une rivalité d’intérêts"

Entre la France et l’Australie, les bisbilles diplomatiques sont reparties de plus belle avec la divulgation par la presse australienne d’un SMS d’Emmanuel Macron. Le fossé se creuse: Canberra est-il encore un allié de Paris?
Sputnik
"[Divulguer ce SMS] envoie un signal très inquiétant à tous les chefs d'État. Il veut dire: “Sachez que, en Australie, il y aura des fuites.”"
Jean-Pierre Thébault, ambassadeur de France à Canberra, n’a pas mâché ses mots face à la divulgation dans la presse australienne d’un SMS rédigé par Emmanuel Macron. Envoyé au Premier ministre australien deux jours avant la crise des sous-marins, le message semble attester que Paris était au courant d'une menace sur le "contrat du siècle". Furieux contre le gouvernement australien, le diplomate a dénoncé un "coup bas sans précédent", y voyant "peut-être la confirmation que nous n'étions pas considérés comme un allié".
Cette fuite dans les médias est intervenue deux jours après une déclaration choc du président français. À l’occasion du G20, Emmanuel Macron a affirmé qu'il "savait" que M. Morrison lui avait menti en lui cachant son intention de mettre fin à l'achat de douze sous-marins français contre 55 milliards d'euros. Pourquoi un tel manque de respect pour la France à Canberra?
L’ancien ambassadeur français Michel Raimbaud s’interroge devant notre caméra: les deux pays sont-ils encore des alliés? "Nous ne sommes pas ennemis, mais nous avons une rivalité d’intérêts", diagnostique-t-il. Et Pierre Conesa, ex-haut-fonctionnaire du ministère de la Défense, de se montrer fataliste sur la riposte apportée au camouflet de l’AUKUS, le pacte de sécurité sur l’Indo-Pacifique signé entre Washington, Canberra et Londres.
"Que voulez-vous que l’on fasse face aux Australiens, aux Britanniques et aux Américains? On ne peut rien faire du tout. On n’a aucun moyen de pression."
Toute symbolique, la fermeté esquissée par l’Élysée lors du rappel des ambassadeurs français à Washington et Canberra n’aura duré que l’espace d’une bouderie.
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