Ce village de la Creuse dont les rues n’ont pas de noms vit un chamboulement

Les rues de la petite commune creusoise de Faux-la-Montagne doivent-elles recevoir des noms officiels qu’elles n’ont jamais eus? La maire avance cette idée pour faciliter le travail des différents services publics et privés, mais tous les habitants ne sont pas d’accord.
Sputnik
Dans la commune de Faux-la-Montagne (Creuse), les rues n’ont jamais eu de noms officiels. La maire, Catherine Moulin, a récemment proposé de changer l’état des choses, notamment pour faciliter le travail des facteurs, des livreurs et des ambulances privées desservant les 430 habitants, relate France Bleu.
L'élue a notamment indiqué au quotidien avoir été interpellée par des personnes se plaignant de ne pas recevoir leurs colis. "Le problème, c'est que […] La Poste a eu de plus en plus recours à des postiers en CDD qui changent tous les 18 mois et qui forcément ne connaissent pas aussi bien la zone ni les gens", a-t-elle aussi expliqué à BFM TV. Sollicités par La Poste pour nommer les rues, "on avait résisté aux pressions", jusqu’alors mais la situation empire, des livreurs perdus demandant quotidiennement à la mairie de prendre en charge un colis, selon elle.
Or, d'autres riverains s'opposent à l’idée d'officialiser des noms de rues. Une lettre anonyme a même été adressée aux habitants afin de dire que cela facilitera et donc encouragera "les livraisons Amazon".
En attendant les débats lors d’un conseil municipal qui doit se tenir d'ici la fin de l'année, l’édile recueille les propositions pour choisir ensemble ces potentiels noms.

Le dilemme

En France, il n’y a pas de texte obligeant à baptiser les rues des communes de moins de 2.000 habitants, a expliqué à BFM TV Me Delphine Krust, avocate en droit public et droit collaboratif. Cependant, "la municipalité doit […] assurer le bon fonctionnement des services publics qui sont à sa charge", ajoute-t-elle. Il peut ainsi parfois s'avérer nécessaire d'avoir recours à une nomination officielle.
La maire lui fait écho en disant que cette question doit être réglée "si on veut que la fibre optique arrive en 2025 comme cela est prévu".
Le nom donné à la rue "doit être conforme à l'ordre public, aux bonnes mœurs, et il peut être rattaché aux affaires de la ville", a encore expliqué Me Krust.

Un précédent

Saint-Pierre-d'Aurillac, petit village de Gironde de 1.200 habitants, avait lui aussi résisté à la numérotation de ces rues anonymes jusqu'en 2002. L'ancien maire communiste refusait cela pour préserver l'emploi des facteurs titulaires, qui seuls étaient capables d'identifier les foyers, à la différence des livreurs occasionnels et des facteurs remplaçants, mécontents de cette situation. Mais finalement, la localité s'est vue contrainte de baptiser ses quelques artères, relatait L’Express.
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