Très offensif ces dernières semaines sur l’accueil des migrants, demandant notamment l’arrêt des refoulements aux frontières, le Conseil de l’Europe (CdE) est désormais pris dans la tourmente. L’organisation intergouvernementale a en effet créé la controverse avec son programme de "lutte contre les discours de haine anti-musulmans".
Une vidéo a en particulier attiré l’attention. Il s’agit d’un petit clip de 30 secondes, qui superpose des visages de femmes têtes nues et d’autres portant le voile islamique. Son slogan a notamment heurté. "La beauté est dans la diversité, comme la liberté est dans le hijab", affirme ainsi la campagne de communication du CdE. Le tout accompagné d’un hashtag #JOYinHIJAB, soit la joie dans le hijab.
Des affiches ont également été diffusées, appelant à "Accepter le hijab" ou proclamant plus simplement "Mon voile, mon choix".
L’initiative a suscité l’indignation de la classe politique française, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique. L’eurodéputé François-Xavier Bellamy (LR) a ainsi dénoncé une "dérive très grave" des institutions européennes, gangrenées selon lui par les lobbys islamistes et d’une "complaisance" de plus en plus inquiétante.
La sénatrice Laurence Rossignol (PS) a pour sa part accusé le CdE de faire "la promotion du hijab". L’ancienne ministre chargée des Droits des femmes s’est indignée que le voile puisse être érigé en symbole de liberté, même si chaque femme peut faire le choix de le porter ou non.
Le maire de Cannes David Lisnard (LR) a pour sa part déploré que l’UE se fasse le porte-voix de la "propagande islamiste" et a enjoint le gouvernement français de faire "annuler cette campagne".
Sous les projecteurs depuis plusieurs semaines, Éric Zemmour a quant à lui fustigé un "djihad publicitaire" et un plaidoyer pour le "voilement des Européennes", le tout financé par de l’argent public.
Sur Twitter, le programme a au contraire été relayé par plusieurs personnalités musulmanes, comme Mansour Ben Yahya, président de la Ligue des musulmans de Suisse.
Vu une vive polémique en France, l'organisation, vigie des droits de l'homme sur le continent, a dû retirer la campagne.
Pas une première
Ce n’est pas la première fois que les institutions européennes mettent ainsi en avant le port du voile. En 2019, le prix de la jeune européenne de l’année avait par exemple été décerné à Yasmine Ouirhrane, une étudiante de Sciences Po, voilée.
Plusieurs personnalités politiques s’étaient déjà interrogées sur ce choix. En campagne pour les européennes, Marine Le Pen avait ainsi accusé l’UE de flirter avec l’islam radical.
Le Conseil de l’Europe apporte également son soutien à la journée européenne contre l’islamophobie depuis plusieurs années. Des positions qui favorisent les logiques de victimisation, selon certains.