L’Himalaya endeuille la France: trois alpinistes disparaissent sans laisser de traces

Trois alpinistes sont portés disparus sur un sommet du Népal, probablement emportés par une importante avalanche. Les équipes de sauvetage ont trouvé leurs affaires personnelles, mais aucun signe de vie.
Sputnik
Thomas Arfi, Louis Pachoud et Gabriel Miloche, trois alpinistes français membres du Groupe excellence alpinisme national (GEAN), formation d’élite, étaient partis le 30 septembre dans la région du Khumbu, au Népal, afin de faire l'ascension de plusieurs sommets dans le secteur du mont Ama Dablam (6.814 mètres).
Selon la Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM), ils faisaient partie d’un groupe de huit personnes.

"L’équipe est parfaitement soudée et entraînée; outre les deux coachs, plusieurs membres ont entre-temps entamé ou terminé le diplôme de guide de haute montagne", souligne la fédération, citée par Le Dauphiné Libéré.

Ces trois alpinistes âgés de 27 à 34 ans sont partis le 24 octobre grimper une goulotte de la face ouest du Mingbo Eiger (6.017 m), un sommet proche de l’Ama Dablam. Ils avaient prévu quatre jours pour cette ascension. Le dernier contact téléphonique avec eux remonte au 26 octobre, quand ils ont indiqué que la première journée s’était déroulée sans problèmes, indique encore la FFCAM.

Leurs affaires repérées

N’ayant plus de nouvelles, la fédération a missionné le 30 octobre la société népalaise Kailash Helicopter Services pour survoler la zone. Un pilote a alors repéré des tentes d’alpinistes et du matériel près du glacier Mingbo, ainsi que les coulées d’une importante avalanche.
Le 31 octobre, un hélicoptère avec une équipe de secours ont été dépêchés sur place pour tenter de retrouver d’éventuels survivants.

"Les équipes de sauvetage n’ont repéré aucun signe de vie", a fait savoir sur BFM TV ce lundi 1er novembre Ramesh Shiwakoti, responsable de Kailash Helicopter Services.

La mission de recherche est coordonnée par l'ambassade de France à Katmandou. De plus, une équipe de guides népalais de montagne qualifiés s'est rendue dans la zone, d’après The Himalayan Times. Le quotidien indique également que les alpinistes n’auraient pas obtenu de la part des autorités népalaises de permis pour escalader le Mingbo.

"Pour nous, l’histoire est écrite"

"Il faut gérer, en bons montagnards, l’aspect humain des choses. Il n’y a que cet aspect-là qui compte. Cela veut dire s’occuper des victimes et mettre en place les opérations de secours nécessaires, qui sont en route. Mais on est au Népal, on n’est pas dans les Alpes, donc c’est long", a fait savoir Nicolas Raynaud, président de la FFCAM le 31 octobre, cité par Le Dauphiné, ajoutant que "la communauté montagnarde est dévastée par cet accident".
Le responsable du GEAN Stéphane Benoista indiqué au Dauphiné Libéré être "sous le choc, dévasté, comme tout le groupe".

"Pour nous, l’histoire est écrite. On parle pas de disparus, mais des décédés", a-t-il avancé, contacté par BFM TV ce lundi.

Un sauvetage exceptionnel

Si les sommets du mont Ama Dablam sont rarement escaladés, l’Everest, situé non loin, a toujours fasciné. De 2006 à 2019, ils étaient plus de 3.600 personnes à s’y essayer, selon une étude menée par des chercheurs de l'université de Washington et de l'université californienne UC Davis en 2020.
Quant aux accidents, entre 1990 et 2019, 119 alpinistes ont péri en le gravissant au printemps: les deux tiers à cause de maladies (mal aigu des montagnes, épuisement, engelures), environ 25% à cause de chutes et 5% à cause d'avalanches ou d'effondrement de pierres.
Dans l’histoire de l’alpinisme français, c’est le sauvetage d’Élisabeth Revol qui reste exceptionnel. Elle a été extraite d’une expédition hivernale au Nanga Parbat dans l’Himalaya en janvier 2018, tandis que son compagnon d’ascension, le Polonais Tomasz Mackiewicz, était décédé. Elle avait passé trois nuits sans tente ni nourriture en attendant les secouristes. Un an après, en mai 2019, elle est parvenue au sommet de l’Everest et a atteint le haut du Lhotse, quatrième sommet du monde.
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