Le coût des produits composant le petit-déjeuner typique au Royaume-Uni a pulvérisé tous les records des 10 dernières années, indique le Financial Times. L'indicateur de petit-déjeuner du Financial Times, établi sur les prix à terme du café, du sucre, du lait, du jus d'orange, du blé et de l'avoine, a bondi de 63% depuis 2019, "une évolution qui s'est accélérée depuis l’été dernier", indique le journal.
Les entreprises alimentaires, dont Nestlé et Procter&Gamble, font flamber les prix pour garantir leurs marges bénéficiaires et déclarent ouvertement que la situation pourrait s'aggraver. Les analystes interrogés par le journal affirment eux aussi que les coûts plus élevés de production, de transformation et de transport viendront influencer les prix des denrées alimentaires.
"Les prix élevés sont là pour au moins un an", a déclaré au média un responsable des études de marché sur les produits agricoles à Rabobank.
De bonnes récoltes entre 2016 et 2020 ont permis de maintenir des prix modérés des produits alimentaires mais depuis, divers problèmes ont frappé en même temps, a déclaré Will Osnato, analyste des données sur les matières premières chez Gro Intelligence.
Les problèmes de production alimentaire se sont heurtés à une demande plus élevée, notamment en raison de la pandémie, et nombreux sont ceux qui sont passés d'achats au "just-in-time" à des achats au "just-in-case". Ce qui a également fait augmenter la demande, cette dernière ayant "dépassé toutes les attentes", a-t-il expliqué.
La montée des prix des matières premières entrant dans la fabrication des aliments de base pour le petit-déjeuner avait déjà été enregistrée par le FT en mai dernier. Ainsi, les prix des contrats d’achat en gros de café, de lait, de sucre, de blé, d’avoine et de jus d'orange avaient alors bondi de 28% en moyenne par rapport à 2019, l’année d’avant la pandémie. Pour les mangeurs de viande, l'ajout de porc à cette liste portait la hausse moyenne des prix à 32%, selon le journal. Depuis, les produits de base pour le petit-déjeuner ont enregistré une nouvelle hausse de 26%.
Les matières premières
Mais le prix du petit-déjeuner ne dépend pas uniquement des denrées alimentaires. L’addition comprend aussi les engrais. Or, le prix de ces derniers est monté en flèche, car nombre de ceux-ci sont fabriqués à partir de gaz naturel. En outre, les coûts de transport ont augmenté en raison de la hausse des prix du carburant.
Les experts relèvent également des conditions météorologiques difficiles, de nombreux pays s’étant heurtés à la sécheresse, comme le Brésil et l’Argentine ou encore le Canada, le plus grand producteur et exportateur d'avoine au monde.
Qui plus est, les spécialistes interrogés par le Financial Times constatent que, malgré la hausse des prix des céréales, la demande ne décroît pas. Et même si l’année prochaine est marquée par de bonnes conditions météorologiques et des récoltes exceptionnelles, cela ne suffira pas à reconstituer les stocks et à ramener les prix aux niveaux précédents, préviennent les analystes.
À cela viennent s’ajouter la pénurie de conteneurs et les goulets d'étranglement dans les ports qui poussent les prix du sucre, tandis que le maïs, le soja et le blé connaissent aussi des problèmes de livraison.
Et en France?
Si le prix du café du petit-déjeuner des Français dépend de la pluie et du beau temps au Brésil, des produits made in France connaissent aussi une flambée des prix, par exemple certains fruits, à cause de l'épisode de gel du printemps dernier qui a endommagé de nombreuses récoltes. Ainsi, la production d'abricots a chuté de 35%, faisant mécaniquement augmenter les prix, a indiqué RTL en août.
En outre, la chaîne a relevé la montée du coût de l'emballage, que ce soit des cornflakes ou de la brique de lait. Le secteur du carton assiste lui aussi à une pénurie, entraînant une hausse de 20% du cours de ce matériau.
Et si les Français et les Britanniques sont alarmés par le prix de leur petit-déjeuner, les Italiens pensent déjà à Noël et à leur traditionnel panettone. Le prix du célèbre dessert sera d’au moins 10% plus élevé que l'an dernier, affirme Il Fatto quotidiano qui pointe également le coût des matières premières. Les boulangers se souviennent comment en quelques mois, le coût de la farine a augmenté de 80% et des augmentations ont également été enregistrées pour le beurre, la levure, l'huile, la confiture et le chocolat, indique le quotidien italien. Et la facture énergétique ne vient pas arranger les choses.