L'Otan ne devrait pas perdre de vue la Russie et les relations entre les deux parties peuvent encore être rétablies sous certaines conditions, écrit dans un article pour Bloomberg l'amiral de la Marine américaine à la retraite et ancien commandant suprême des forces alliées en Europe James Stavridis.
Il attire notamment l'attention sur l’annonce faite "sur un ton assez tranchant" par le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a proposé à l'Alliance de joindre Moscou via par l'ambassadeur de Russie à Bruxelles "en cas d’urgence".
"Les relations entre l'Otan et le Kremlin sont au pire point depuis la fin de la guerre Froide", constate-t-il.
Il se souvient notamment de ses rencontres, "au début des années 2010" avec Dmitri Rogozine, alors ambassadeur de Russie auprès de l'Alliance, et Nikolaï Makarov, chef des forces armées russes à l'époque.
"Nous n'étions pas d'accord sur divers sujets, notamment les systèmes de défense antimissile américains en Europe de l'Est, mais le Conseil Russie-Otan était un bon endroit pour discuter des différences, et j'espérais qu'avec le temps, les choses s'amélioreraient. Ce qui n’a pas été le cas."
James Stavridis estime qu’il est encore possible de relancer les travaux du conseil Russie-Otan et des missions fermées à Bruxelles et à Moscou.
"L'Alliance devrait être disposée à les rétablir dans de bonnes conditions. Mais cela nécessitera un front fort et uni, et le maintien de Moscou au centre de l'attention stratégique de l'Otan", a-t-il noté.
L’annonce
Sergueï Lavrov a conseillé à l’Otan de s’adresser à l'ambassadeur russe en Belgique en "cas d'urgence" lors d’une conférence de presse où il a annoncé la rupture du dialogue officiel avec l’Alliance à partir du 1er novembre suite à la décision de cette dernière d’expulser plusieurs diplomates russes.
L'Otan a précédemment confirmé avoir retiré l'accréditation de huit membres de la mission russe auprès de l'Alliance et réduit à 10 le nombre d'accréditations pour la Russie. En réaction, Sergueï Lavrov a déclaré que ce serait à l'Otan de faire le premier pas pour améliorer ses relations avec Moscou.
Toutefois, "la stratégie de +méfiance de l'ours+, la raison pour laquelle l'Otan a été mise en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, doit rester prioritaire", estime l'amiral à la retraite.