Un policier de la Brigade anticriminalité a fait part de sa colère sur C8, après être tombé dans une embuscade. Visage masqué, Thierry a raconté par le menu comment lui et ses collègues avaient été attaqués par une vingtaine d’individus, dans un quartier sensible.
L’altercation a eu lieu alors que la patrouille voulait contrôler deux individus, qui circulaient sur un scooter manifestement volé. Le conducteur a pu être appréhendé, mais son passager a réussi à prendre la fuite pour se réfugier dans une cité voisine. Deux agents sont donc partis à sa poursuite, pendant que Thierry restait avec l’interpellé.
Mais les deux policiers se sont vite retrouvés en territoire hostile, dans un quartier qu’ils ne connaissaient pas. Ils ont rapidement été encerclés par une vingtaine d’individus et molestés, comme l’explique le témoin sur C8.
"J’ai été au téléphone avec un de mes deux équipiers pendant plus de dix minutes. Vous entendez des cris, des appels au secours. On était totalement paniqués. Il criait tellement fort qu’on arrivait pas à déchiffrer les nom de rues qu’il nous donnait", déclare ainsi Thierry à C8.
L’agent précise s’être lui-même rendu sur les lieux en voiture, pour tenter de retrouver ses deux collègues. En contact téléphonique, il a entendu l’un d’eux tirer deux coups de feu. Des tirs de semonce pour tenter d’éloigner les agresseurs, en pleine séance de lynchage.
Toute la patrouille a finalement pu être évacuée, mais l’incident a laissé des séquelles importantes. L’un des agents est ainsi resté huit mois en arrêt, avant de reprendre ses activités, alors que le second ne sait toujours pas s’il enfilera de nouveau l’uniforme de la BAC.
"Il reste traumatisé. Il ne sait pas s’il restera dans la police. Il estime qu’aujourd’hui être policier, c’est un métier de chien", explique Thierry sur C8.
Société surmédiatisée
L’agent de la BAC a encore clamé son indignation contre "une société surmédiatisé" où certains cherchent absolument à prendre les forces de l’ordre en flagrant délit de bavure.
"Les gens se demandent s’ils peuvent faire le buzz en filmant une scène. Ils dénoncent des faits dont ils n’ont même pas été témoins, parce qu’ils nous voient nous rouler par terre avec des individus qu’on veut simplement interpeller. Ils crient à la bavure alors qu’ils ne savent même pas ce qu’il se passe, ça me donne un sentiment de rage", déclare ainsi le policier sur C8.
Fin 2020, l’article 24 de la loi Sécurité globale avait d’ailleurs provoqué une polémique, en tentant de s’attaquer au problème. Le texte prévoyait de sanctionner la diffusion d’images de gendarmes ou de policiers en intervention, lorsque celles-ci portaient atteinte à leur "intégrité physique et psychique".
Des manifestations avaient eu lieu contre le projet de loi. Réécrit et adopté par le parlement l’article 24 avait finalement été retoqué par le Conseil constitutionnel, en mai dernier.