Le chef de l’armée soudanaise explique pourquoi le Premier ministre a été évacué de sa résidence

Niant que les récents événements à Khartoum puissent être qualifiés de "coup d’État", le chef de l’armée soudanaise a expliqué auprès de Sputnik que le Premier ministre avait été extrait de chez lui en raison d’un risque d’attaque.
Sputnik
Alors que la communauté internationale a condamné la tentative de coup d’État qui a eu lieu en début de semaine au Soudan, le chef de l’armée du pays Abdel Fattah al-Burhan a affirmé au micro de Sputnik qu’il ne s’agissait nullement d’un putsch.
"Ceux qui le considèrent comme un coup d’État ont tort, puisque nous sommes toujours au pouvoir. En cas de coup d’État, il doit y avoir un changement de pouvoir. Ce qu’il s’est passé, c’est le redressement d’une trajectoire et d’une période de transition."
Le 25 octobre, une tentative de coup d’État a été dénoncée au Soudan par le ministère de l’Information. L’état d’urgence a été proclamé par Abdel Fattah al-Burhan, chef du Conseil de souveraineté du gouvernement de transition. Parallèlement, il a déclaré la dissolution du gouvernement. Le Premier ministre du pays Abdallah Hamdok, ainsi que certains responsables, a été arrêté par l’armée.
Risque d’attaque
Le Premier ministre et son épouse ont été emmenés vers un lieu inconnu. Or, toujours selon Abdel Fattah al-Burhan, également chef du Conseil de souveraineté de transition, tout cela a été dicté par une raison importante.
Le militaire a expliqué qu’il avait obtenu des informations selon lesquelles une attaque contre le Premier ministre soudanais pourrait avoir lieu.
"C’est pourquoi nous avons décidé de le placer ailleurs [loin de ces menaces]. En effet, quelques groupements ont commencé à se rassembler près de chez lui alors qu’il s’y trouvait", a-t-il précisé.
Et d’ajouter que plus tard, le Premier ministre a pu revenir chez lui. À son retour, 24h après, la sécurité autour de son domicile a été renforcée. Bien qu’il ne soit pas précisé s'il est assigné à domicile, mercredi, Abdullah Hamdok a rencontré les ambassadeurs français, allemand, norvégien, anglais, américain et de l’UE, ainsi que l’envoyé spécial du secrétaire général de l'Onu Volker Perves. Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, s'est entretenu par téléphone avec M.Hamdock.
Toute une série de violations
Abdel Fattah al-Burhan a d’ailleurs expliqué que la période de transition au Soudan, qui a commencé deux ans après la chute du Président Omar el-Bechir, abondait d’incohérences.
"Les parties n’ont pas pu former de coalition ou parvenir à un consensus sur des sujets. Ils n’ont pas pu convenir d’une assemblée législative, choisir des gouverneurs de provinces, ils n’ont même pas pu inclure les forces politiques", a-t-il précisé.
Il a par ailleurs nié que les événements du 12 avril 2019 aient été un putsch, lors de la chute d’Omar al-Bechir et de l’instauration du gouvernement de transition dans le pays jusqu’à la tenue de nouvelles élections en 2023.
Pour le chef du Conseil de sécurité, dont la durée du mandat touche à sa fin au mois de novembre, il s’agissait d’une action rectificatrice au sein du gouvernement.
Position de la Russie
Face aux événements qui ont conduit aux protestations à Khartoum, lesquelles ont fait des victimes, le ministère russe des Affaires étrangères a déclaré que ceci résultait d’une grave crise économique et d’une perte de confiance envers le gouvernement de transition.
"Nous partons du fait que les développements au Soudan témoignent d’une grave crise systémique touchant tous les domaines de la vie politique et économique. C’est un résultat logique de l’échec de la politique appliquée au cours de ces deux dernières années", a indiqué la diplomatie russe.
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