Quand un policier recale une dame soupçonnant des agressions contre son enfant - audio

Il ne "faut pas du tout se fier à la parole" des enfants: voici la réponse d'un agent de la brigade des mineurs à une mère en détresse dont la fille de quatre ans lui avait parlé de choses ressemblant fort à des abus sexuel de la part de son père. L'IGPN a été saisie à la suite de la diffusion de l'enregistrement de la conversation.
Sputnik
Dans un enregistrement diffusé par l'animateur Karl Zéro, une mère inquiète pour sa fille de quatre ans et demi se voit confrontée à la réaction indifférente d'un agent de police appartenant à la brigade de protection des mineurs (BPM) qu’elle avait contactée pour de l'aide et des conseils.
"[Ma fille] m'a parlé des choses à caractère sexuel qui se passent quand elle est chez son père. Elle raconte des choses qui sont extrêmement choquantes", confie la femme.
À sa demande du policier de préciser, elle poursuit: "Elle m'a parlé de doigt dans le trou du pipi, de doigt dans le trou du caca..."
En réponse, l'agent de la brigade des mineurs ne semble pas prendre l'histoire au sérieux: "Pour les enfants de quatre ans c'est assez fréquent qu'il y ait ce genre de langage, c'est pas forcément qu'il y a quelque chose derrière".
Dans une tentative apparente de raisonner la plaignante, l'homme évoque l'école où les enfants "racontent pas mal de choses".
"C'est pas à votre cerveau d'adulte de fantasmer sur le vocabulaire d'une enfant de quatre ans", ajoute-t-il.
Encore plus désorientée, la mère se décide à évoquer le "zizi dans la bouche". Le policier, en rien préoccupé, lui conseille de consulter un psychologue.
"C'est pas parce qu'elle parle de ça que c'est lié à un abus sexuel. Faut arrêter avec ces histoires", tranche-t-il. "Un enfant de quatre ans et demi, ça dit tout et n'importe quoi; il ne faut pas du tout se fier à leur parole."
Et d'ajouter: "C'est pas parce que vous êtes séparée de cet homme-là que fatalement il fait du mal à votre fille".

Une histoire survenue en 2021

L'enregistrement est disponible en version intégrale sur YouTube. La prise en charge est bien réelle, confirme Libération qui a contacté Karl Zéro. L'animateur et auteur d'un documentaire sur la pédocriminalité 1Sur5 le film qui est sorti le 25 octobre a eu accès à la conversation enregistrée -qui date de début 2021- via l'avocate de la mère.
"C’est un enregistrement authentique, enregistré par elle. Nous avons transformé la voix de la maman, à sa demande", a indiqué le journaliste à Libération.
Sollicitée par plusieurs médias, la préfecture de police de Paris, dont dépend la brigade des mineurs, a confirmé avoir demandé une saisine administrative de l’IGPN.
"Le fonctionnaire concerné n’exerce plus au sein de la brigade de protection des mineurs depuis plusieurs mois", a ajouté la préfecture de police, sans préciser si son départ était lié ou non à l'affaire en question.

Seules 3% de condamnations

Chaque année, la France décompte 22.000 victimes d'inceste et 700 condamnations pour ce fait, détaille le rapport de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles (Ciivise) publié le 27 octobre.
Selon cet organe, il est nécessaire de modifier la procédure lorsqu'un enfant affirme avoir subi une agression sexuelle. Elle propose notamment de suspendre l'autorité parentale et le droit de visite et d'hébergement du parent poursuivi dès le dépôt d'une plainte.
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