Covid-19

"Le gouvernement a inventé un état d’urgence sans urgence"

Le projet de loi de "vigilance sanitaire" est entre les mains du Sénat. Précaution nécessaire contre une éventuelle reprise épidémique ou nouveau coup dur porté aux libertés individuelles? Éléments de réponse avec Mathieu Slama.
Sputnik
«L’exception est devenue la norme et la démocratie l’exception.» Mathieu Slama résume à «gros traits» la situation politique en France au moment des discussions autour du projet de loi «vigilance sanitaire». Un texte aujourd’hui étudié par la chambre haute du Parlement après son adoption en première lecture par l'Assemblée nationale. Il prévoit, entre autre, le prolongement du pass sanitaire jusqu’à cet été. Les opposants à ce dispositif dénoncent la menace qu’il fait peser sur les libertés individuelles.
L’analyste politique déplore que les situations d’urgence suspendent désormais l’exercice démocratique du pouvoir. «Nous considérons aujourd’hui que, en temps de crise, la démocratie n’est pas suffisante, voire, pire, qu’elle est un obstacle.» La docilité et l’obéissance des citoyens inquiètent également notre interlocuteur.
À l’exemple des précédentes mesures sanitaires «attentatoires aux libertés», ce projet de loi illustre une dérive dans la pratique du pouvoir en France, résume donc Mathieu Slama.
Avec une épidémie au plus bas et un taux de vaccination de plus de 75%, le gouvernement justifie ce texte par la volonté d’anticiper la possible résurgence de l’épidémie de Covid-19. Pour notre interlocuteur, c’est bien là que le bât blesse: en glissant d’une argumentation fondée sur une urgence réelle à une urgence hypothétique, «le gouvernement a inventé l’état d’urgence sans urgence».
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