Burkina Faso: un député inaugure un pont de fortune, des internautes crient au ridicule

Au Burkina Faso, le vice-président de l’Assemblée nationale s’est félicité récemment de l'inauguration d’un pont de fortune dans un village à proximité de la deuxième plus grande ville du pays. Depuis, l’ouvrage jugé par certains désuet et au coût surévalué fait l’objet de moqueries sur la Toile.
Sputnik
Chose promise, chose due. C'est un engagement pris lors de la campagne pour les législatives de novembre 2020 que Nestor Batio Bassière a honoré le 23 octobre, soit près d’un an après, en inaugurant un pont dans le village de Dindéresso, situé à une dizaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso.
L'ex-ministre de l’Environnement (2016-2020), réélu pour un quatrième mandat successif de député et actuel vice-président de l’Assemblée nationale (l’un des cinq vice-présidents de cette institution) était entouré pour l’occasion de toute la population qui a célébré l’événement comme une véritable fête.
C'est qu’à Dindéresso, l’heure est au soulagement, car depuis 2012, à chaque saison des pluies, les habitants se retrouvaient coupés de Bobo-Dioulasso, faute d’une passerelle leur permettant de franchir le cours d’eau qui se forme alors.
Seulement voilà, l’événement n’a pas manqué d’attirer l’attention des internautes burkinabè. Si certains saluent l’action du parlementaire et souhaitent qu’elle fasse des émules, d’autres ne se privent pas de la critiquer avec souvent un brin d’humour.
Les critiques portent essentiellement sur la stèle du pont qui présente l'ouvrage comme un don du député, une information qui pour eux contraste beaucoup avec la publication de l’élu qui évoque pourtant pour sa réalisation une "forte contribution de la population ainsi que de bonnes volontés".
L’autre élément décrié est le coût de l'ouvrage, sept millions de francs CFA (10.700 euros), jugé bien trop élevé pour correspondre à la réalité.
Mais par-delà les remarques sur le pont et son coût, ces internautes se désolent surtout que Bobo-Dioulasso (et ses environs), plus importante ville du Burkina Faso après la capitale Ouagadougou, en soit encore à ce stade de développement en 2021.

Une capitale économique seulement de nom

Important carrefour commercial depuis l’époque coloniale et longtemps considérée comme la capitale économique du Burkina Faso, Bobo-Dioulasso a beaucoup perdu en attractivité ces dernières décennies au profit de Ouagadougou, véritable poumon de l’économie du pays.
Les autorités s’emploient depuis peu à redynamiser les infrastructures socioéconomiques et le tissu industriel de la ville. C’est justement dans cette dynamique que s’inscrivent les travaux d’extension et de réhabilitation du port sec de Bobo-Dioulasso, lancés en grande pompe en 2019. Prévus pour durer 24 mois, ils sont toujours en cours.
Le Burkina Faso demeure l’un des pays les plus pauvres au monde, malgré un sous-sol riche et une croissance notableenregistrée ces dernières années grâce notamment à l’or, premier produit d’exportation avec une production de 35 tonnes en 2015 à 60 en 2020, pour un chiffre d’affaires évalué à plus de 2.000 milliards de francs CFA (plus de trois milliards d’euros).
Et si les perspectives économiquespour les années à venir sont encourageantes, elles n’en demeurent pas moins considérablement plombées par la crise sécuritaire provoquée par une flambée d’attaques djihadistesdepuis 2015.
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