La compagnie ferroviaire est dans la ligne de mire pour ses projets et activités qui suscitent des interrogations. Après l’abandon du projet de rénovation de la gare du Nord à Paris et la révélation du surcoût de la construction du RER E, la région Hauts-de-France dénonce les innombrables perturbations du service TER qui durent depuis plusieurs mois.
Quelques jours avant que la région ait menacé de ne plus payer la SNCF, le TER régional a annoncé un nouvel allégement de son offre pour les vacances scolaires de la Toussaint, ce qui est devenu la dernière goutte d’eau pour les autorités. Franck Dhersin, le vice-président de la région en charge des transports, n’a pas caché sa colère.
"Cette suppression de trains arrive après six semaines de désordre pour les usagers, avec des suppressions de train en très grande quantité depuis le premier septembre", a-t-il déploré le 21 octobre sur BFM Grand Lille. Il a également cité des "absences de trains inopinées" et "des trains courts alors que ce devrait être des trains longs".
Plus tard, les Hauts-de-France ont fait part de leur "ras-le-bol" en dénonçant la multiplication des suspensions et des retards causés par le manque de matériel ou de personnel.
"Ces dysfonctionnements traduisent une incapacité chronique de la part de l’exploitant SNCF à pouvoir réaliser correctement la production du service TER défini par la région et l’absence d’actions concrètes pour redresser la situation", a martelé M.Dhersin, dans un communiqué publié le 25 octobre.
Il a également pointé le fait que "la dégradation du service sur l’ensemble du réseau TER est telle que le plafond des pénalités pour suppressions de trains (1,8 million d’euros par an) est atteint depuis le 8 juin 2021".
En citant de nombreux investissements effectués par la région depuis 2016, il a mis en relief le financement annuel du TER par les Hauts-de-France, à hauteur de 500 millions d’euros.
Faute de démarches visant à améliorer la situation, la région a ordonné à l’opérateur ferroviaire de lever "sans délai le plafond des pénalités pour les trains supprimés en 2021 afin que la SNCF s’acquitte du juste prix des dysfonctionnements relevés par la région".
Les déprogrammations de trains induites par la mise en œuvre des PTA (Plan de Transport Adapté) font l’objet de la même sanction.
Enfin, la région Hauts-de-France a annoncé "suspendre les paiements dus à l’exploitant SNCF si un rétablissement de la situation n’est pas observé d’ici mi-novembre".
Enfin, la région Hauts-de-France a annoncé "suspendre les paiements dus à l’exploitant SNCF si un rétablissement de la situation n’est pas observé d’ici mi-novembre".
Scandales financiers
Début octobre, la présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse, a vivement critiqué le projet d’extension RER E qui dépasse de 1,7 milliard d'euros le budget initial. Il était estimé 3,8 milliards, mais devrait finalement en coûter 5,4. Le géant ferroviaire l’a justifié auprès de l’AFP par "des aléas et imprévus", qui sont intervenus depuis le début des travaux, aggravés par la crise sanitaire.
Fin septembre, la société a annoncé abandonner l’actuel projet de rénovation de la gare du Nord en raison d’un "surcoût très important", la somme devant passer de 389 millions d'euros à 750 millions.
Comme le coût global s’est ainsi élevé à 1,5 milliard, la SNCF n’a pu trouver un équilibre économique au contrat de concession alloué au groupe Ceetrus. La fin des travaux aurait été repoussée à 2026 au plus tôt.