"Tout le monde est impacté par cette hausse de l’énergie, que ce soit les familles ou les entreprises. Je pense que les Français devraient descendre dans la rue."
C’est un Jérôme Rodrigues combatif qui défilait dans les rues parisiennes le 23 octobre. Au micro de Sputnik, le Gilet jaune exhorte le gouvernement à notamment entendre "la colère" du peuple: "Il serait temps que l’on s’installe, que l’on discute, que l’on écoute les préoccupations de l’ensemble des Français, et non pas qu’une partie, afin de pouvoir rétablir la situation aujourd’hui."
En effet la hausse des prix de l’essence et du diesel, la flambée du gaz (+12,6% depuis début octobre) et de l’électricité sont dans tous les esprits. Cette dernière a bondi de 60% en quinze ans et devrait encore augmenter de 4% début 2022. Les Français craignent de voir leur pouvoir d’achat se réduire comme peau de chagrin. C’est d’ailleurs un des thèmes qui les préoccupent le plus, selon une enquête Elabe réalisée pour BFMTV. Ainsi, 45% des sondés y voient une priorité, loin devant la sécurité (30%), l’immigration (27%), ou encore la santé (26%). Or près de six Français sur dix ont déclaré avoir le sentiment que leur pouvoir d’achat a baissé depuis 2017.
"Il y a un malaise, les gens vont de plus en plus mal […] La braise continue de chauffer, il ne faudrait pas que ça prenne feu", prévient Jérôme Rodrigues.
Alors pour tenter de répondre à leurs préoccupations, après le chèque-énergie, le plafonnement du prix du gaz et de l’électricité, Jean Castex a promis une "indemnité inflation".
Cette prime exceptionnelle de 100 euros sera versée aux Français qui gagnent moins de 2.000 euros nets par mois, soit 38 millions de personnes au total.
Vers un retour des Gilets jaunes?
Un coup de pouce pourtant loin de satisfaire Jérôme Rodrigues:
"Comment fait un travailleur pauvre avec 1.300 euros? On lui jette 100 balles à la tronche et on lui demande de se taire et de donner sa voix aux élections. 100 euros, ça n’achète pas le silence des Français", fustige le Gilet jaune.
D’autant plus que cette indemnité inflation peut sembler dérisoire rapportée aux 4.732 euros de budget annuel moyen d’un automobiliste selon des estimations de l’Adetec datant de 2018, soit avant la crise sanitaire.
Comme Jérôme Rodrigues l’explique, les manifestants "ne réclament pas l’aumône". "On souhaite simplement être rétribué de notre travail et de subvenir, par nous-mêmes, à nos besoins et aller jusqu’à la fin du mois pour pouvoir offrir des loisirs à nos familles", poursuit-il.
Ces difficultés rencontrées par une partie des Français, ainsi que la décision du gouvernement d’étendre la possibilité d’avoir recours au pass sanitaire jusqu’à fin juillet 2022, pourraient-elles relancer le mouvement des Gilets jaunes? "Tous les samedis, les Gilets jaunes sont dans la rue", rétorque Jérôme Rodrigues. Même s’il concède que, "forcément, il y a moins de monde":
"Quand tu regardes ma tête, moi qui ai perdu un œil, les gens ont peur de venir aux manifestations, face à la répression. Mais le mouvement de colère est bien là", affirme notre interlocuteur.