"52% des jeunes considèrent qu’une forme de violence est acceptable pour faire avancer les choses. La jeunesse est radicale car elle a le sentiment que les choses n’avancent plus et que les politiques échouent à traiter les grands sujets", analyse Frédéric Dabi devant les caméras de Sputnik.
"Génération sacrifiée", "génération offensée", "génération woke", "digital natives". Les qualificatifs ne manquent pas pour désigner la jeunesse française. De là à l’envisager d’un seul et même tenant, il n’y a qu’un pas que Frédéric Dabi ne franchit pas. "La jeunesse n’est pas un bloc monolithique", prévient notre interlocuteur.
Dans son livre La Fracture (Éd. Les Arènes), le directeur général Opinion de l’IFOP a mené l’enquête* sur la sociologie des 18-30 ans. Un document précieux car l’enquête "Nouvelle Vague", initiée par L’Express avec l’IFOP à partir de 1957 et renouvelée tous les dix ans, n’avait plus été reconduite depuis 1999. En 2021, le constat est sans appel pour Frédéric Dabi: "Les fractures apparaissent au sein même de la jeunesse française", fait-il observer. Ces "fractures" ont-elles été aggravées par la crise sanitaire? Frédéric Dabi se veut plus nuancé:
"Il y a eu un choc Covid indéniable. La pandémie a été un événement fondamental et fondateur, qui a peut-être créé une conscience de génération. Il y a des représentations communes associées à cette jeunesse: ils ont le sentiment d’avoir perdu le sel de leur vie. Ils se sentent une génération sacrifiée, injustement stigmatisée. Mais on ne peut pas réduire cette jeunesse “ad Covidum” pour autant! La jeunesse reste résiliente, optimiste et se projette vite dans l’avenir", avance-t-il.
*Enquête IFOP pour les éditions Les Arènes, 1.513 personnes âgées de 18 à 30 ans interrogées en ligne du 12 au 17 février 2021, selon la méthode des quotas.