Si le gouvernement taliban* tente de donner le change face à la communauté internationale, en particulier sur la condition des femmes, l’éducation de ces dernières reste un sujet délicat. Alors que les filles du secondaire n’ont pas encore été autorisées à reprendre les cours, des alternatives se développent pour échapper aux restrictions imposées par les nouveaux maîtres du pays. L’organisation caritative Learn Afghanistan a ainsi mis en place une école virtuelle à destination d’une centaine d’élèves, rapporte le Times.
Son fonctionnement reste secret pour protéger le personnel et les étudiantes, mais le projet propose principalement des activités numériques et scientifiques. Des cours de mathématiques, de codage et de conception de site Web sont prodigués.
"Nous enseignons à 100 filles qui seront l'avenir de l'Afghanistan. Elles utilisent des tablettes pour étudier ensemble et recevoir des devoirs pendant la semaine", explique au Time Pashtana Durrani, responsable de Learn Afghanistan.
Le dispositif aide aussi les filles à trouver le matériel pédagogique dont elles ont besoin pour étudier par elles-mêmes. Des programmes à destination des femmes enceintes et des jeunes mères ont également été mis en ligne.
Bientôt un retour en classe?
Depuis l’entrée des talibans* dans Kaboul en août, les interrogations se sont multipliées sur le sort réservé aux femmes, notamment en matière d’éducation.
Le pouvoir en place a finalement autorisé les filles du primaire à revenir en cours, mais les élèves du secondaire restent sur le carreau dans la majeure partie du pays. Fin septembre, le porte-parole des talibans*, Zabihullah Mujahid avait pourtant affirmé que l'éducation des collégiennes et des lycéennes reprendrait "dès que possible".
Certaines voix se sont indignées de ces lenteurs. Le 17 octobre, Malala Yousafzai, prix Nobel de la Paix, a ainsi demandé le retour à l’école des jeunes filles dans une lettre ouverte adressée au gouvernement taliban*.
Mi-octobre, Omar Abdi directeur général adjoint de l’Unicef avait également déploré que "des millions de filles en âge d’aller à l’école secondaire soient en train de passer à côté de leur éducation". Il avait appelé à renforcer les acquis en matière d’éducation et non à les balayer, précisant que 4,2 millions d'enfants n’étaient toujours pas scolarisés, dont 2,6 millions de filles.
*Organisation terroriste interdite en Russie