En pleine discussion internationale concernant l’appel des autorités maliennes adressé à la société paramilitaire privée russe Wagner, Vladimir Poutine a indiqué que même si les activités des sociétés de ce type ne sont pas encadrées par l’État russe, ce dernier se réserve le droit d’intervenir sous une condition.
Ces sociétés peuvent être présentes au Mali, a déclaré le Président russe, soulignant que cette question avait déjà été abordée avec la partie française:
"Nous en avons discuté à plusieurs reprises avec nos collègues français, j’en ai parlé ou alors le Président Macron en a discuté avec moi", a fait valoir Vladimir Poutine.
"Ce sont des sociétés privées, elles ne représentent pas le pays et ne reflètent pas les intérêts nationaux russes. Si elles se trouvent quelque part, cela ne se fait pas sur une demande de l’État russe", a-t-il rappelé le 21 octobre lors du forum international de Valdaï.
Elle relève du "secteur privé, des intérêts privés associés notamment à l’extraction de ressources énergétiques et d’autres comme l’or et les pierres précieuses", a expliqué Vladimir Poutine.
Cependant, la Russie pourrait s’opposer à cette collaboration.
"Si [l’activité de telles sociétés] va à l’encontre des intérêts de l’État russe, cela arrive malheureusement, nous devons réagir, bien entendu, et nous le ferons", a-t-il promis.
Le même jour, le vice-ministre des Affaires étrangères et représentant spécial du Président russe pour le Moyen-Orient et l'Afrique Mikhaïl Bogdanov a rencontré l’ambassadeur français Pierre Levy pour aborder la question de la sécurité au Sahel, en particulier la stabilisation de la situation au Mali.
"Des échanges exhaustifs ont été menés sur la question de l’ordre du jour africain qui présente un intérêt mutuel, dont la lutte contre le terrorisme, le trafic de stupéfiants et les migrations illégales", a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Désaccord franco-malien
Fin septembre, le gouvernement malien a accusé la France d’"abandon en plein vol" suite à la fin de l’opération Barkhane annoncée au moment même où les djihadistes restent bien présents dans la région. Le Premier ministre du pays, Choguel Kokalla Maïga, a déclaré que cette réforme avait conduit le pays à "explorer les voies et moyens pour mieux assurer la sécurité de manière autonome avec d'autres partenaires".
Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a également fait savoir dans les couloirs de l’Assemblée générale de l’Onu que le Mali s’était adressé à "une société militaire privée russe" après que les forces françaises avaient échoué à évincer les terroristes du pays, selon lui.
Ces propos maliens ont été qualifiés d’"inacceptables" par Emmanuel Macron qui a d’ailleurs pointé la légitimité "démocratiquement nulle" du gouvernement actuel, issu de deux coups d'État depuis 2020.
Jean-Yves Le Drian a averti que la France pourrait retirer ses troupes en cas d’alliance malienne avec la société paramilitaire Wagner. En plus de cela, le Mali risque de perdre le "soutien de la communauté internationale" s’il a recours aux mercenaires de ce groupe privé, a noté en septembre la ministre française des Armées, Florence Parly.
Transformation de l’opération Barkhane
En réaffirmant sa disposition à rester engagé aux côtés du Mali, Paris a annoncé en juin la fin de l’opération Barkhane en tant qu’"opération extérieure". La France a l’intention de réorganiser son dispositif militaire au Sahel en opération "d’appui, de soutien et de coopération aux armées des pays de la région qui le souhaitent", a fait savoir Emmanuel Macron.
Le retrait des troupes déployées dans les bases les plus au nord du pays (Kidal, Tombouctou et Tessalit) est prévu, ainsi que la réduction du nombre de soldats français dans la zone d'ici 2023 à 2.500-3.000 hommes, contre plus de 5.000 aujourd'hui.