Un élève menace d’égorger un professeur et se voit exclu seulement pour 3 jours

Alors que deux enseignants ont été menacés avec une photo de Samuel Paty à Marseille et deux collèges d’Orléans ont reçu des alertes à la bombe, une nouvelle affaire vient secouer le monde scolaire: un élève a menacé d’égorger un professeur. Il n’a été exclu que pour trois jours.
Sputnik
La France vient de commémorer l’anniversaire de la mort du professeur Samuel Paty. Pourtant, un autre enseignant d’histoire et de géographie du collège Lucie et Raymond Aubrac, situé à Pont-Sainte-Maxence (Oise), a reçu une menace de mort de la part d’un élève.
Les faits se sont déroulés début octobre, selon Le Courrier picard. Un collégien a menacé d’égorger son professeur d’histoire-géographie "pour une histoire de copie non rendue", selon des informations recueillies auprès d’une source proche de l’enquête.
Après avoir déposé une main courante auprès des gendarmes, il a été placé en arrêt maladie. Quant à son agresseur, il a été exclu trois jours de l’établissement scolaire et est retourné en classe plus tard.
"Ce n’est pas normal, c’est grave. Il aurait dû être exclu définitivement. En plus, c’est un prof super-gentil, qui connaît bien ses élèves", ont raconté des collégiens de l’établissement. Cette école est considérée comme "un collège calme".
"Mais il faudrait retirer certains éléments qui fument, se bagarrent ou nous harcèlent pour avoir des photos de nudes [un cliché de nudité, ndlr]", a expliqué une élève.

Préoccupations des syndicats

Le journal souligne que le directeur a refusé de commenter l’affaire. Dans le même temps, la direction des services départementaux de l’Éducation nationale de l’Oise (DSDEN60) a assuré que "la direction académique a condamné fermement les propos de l’élève". "Aujourd’hui, c’est une affaire classée et il n’est même pas certain que le professeur soit en arrêt pour cette raison", a-t-elle précisé.
De leur côté, des syndicats parlent de leurs préoccupations et du manque de sanctions et d’enquête autour de l’élève. Selon le quotidien, l’un d’entre eux parle du "sentiment que le +pas de vagues+ reste de mise et que la gravité de la menace n’a pas été prise en considération".
"Il n’y a même pas eu de conseil de discipline pour l’élève. Seul un changement de classe a été envisagé, un temps", a commenté l’un des syndicats, cité par le média.
Samedi 16 octobre, la France a commémoré le premier anniversaire du meurtre du professeur d'histoire géographie Samuel Paty, victime de menaces de mort en ligne puis brutalement assassiné à la sortie de son collège de Conflans-Sainte-Honorine, pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet durant un cours sur la laïcité.
Le drame a suscité une vague d’émoi national et nombre de craintes parmi les professeurs. Plusieurs enseignants ont reçu des menaces de mort au cours de cette année, comme récemment à Marseille, où deux professeurs ont été menacés par une photo de Samuel Paty. De la même manière, ce mercredi 20 octobre, deux adolescents ont été interpellés après des menaces de mort contre des élèves et une enseignante du lycée de Gerland à Lyon.
Depuis, plusieurs mesures ont été mises en place pour protéger et rassurer les enseignants.
Adopté le 24 août, l'amendement dit "Samuel Paty" punit de trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende "le fait d'entraver, d'une manière concertée et à l'aide de menaces, l'exercice de la fonction d'enseignant". La diffusion d'informations personnelles "dans un but malveillant" (nom ou photo) sera également poursuivie.
"C'est bien parce qu'il a été désigné par les réseaux sociaux que Samuel Paty a été assassiné", a déclaré Jean Castex le 20 octobre 2020, pour défendre cette mesure.
Le site du ministère de l’Éducation souligne qu’une vigilance accrue et des procédures systématiques de vérification des informations ont été mises en place. "En fonction des remontées académiques pluriquotidiennes vers la cellule de veille du ministère, dès que des menaces qui peuvent être considérées comme sérieuses sont identifiées, des dispositifs de surveillance sont mis en œuvre, le cas échéant en lien avec les services de police", explique-t-il.
Le ministère a en outre lancé le 30 août dernier une campagne nationale de communication pour montrer que la laïcité se traduit concrètement dans leur vie quotidienne, en cours et à l’école.
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